dimanche 25 juin 2017

De l'inimitié entre femmes et hommes


Un récent article du journal "Le Parisien" évoquant le harcèlement de rue dans le quartier de La Chapelle à Paris a suscité d'innombrables commentaires. C'est outré, excessif, rien que des propos indignés, extrêmes, partagés selon une logique binaire (de droite ou de gauche), allant de l'incompatibilité culturelle à la manipulation islamophobe.


Je me garderai bien d'avoir un avis tranché là-dessus d'autant plus que c'est trop en phase avec l'esprit féministe victimaire contemporain.

Mais il faut reconnaître qu'en France, fréquenter seule l'espace public (un café, un restaurant), n'est pas toujours évident. Ça contraste avec les pays d'Europe Centrale ou du Nord. Mais risque-t-on vraiment de sérieux ennuis ? Non, évidemment ! La France est, malgré tout, un pays sûr et on ne risque pas de s'y faire violer à chaque coin de  rue, même à La Chapelle. Mais c'est vrai que la crainte du harcèlement freine les initiatives. C'est quand même bien une privation de liberté.


C'est fâcheux, c'est une pression insupportable ! Quels qu'en soient les motifs (la bêtise, la frustration, la misère), le sexisme (de même que le racisme) est, évidemment, condamnable et il ne saurait trouver aucune excuse pas même celle d'être un déshérité, un exclu.

Est-il, pour autant, en progression ? Est-ce que c'est vraiment pire qu'avant ? Est-ce que c'est l'Islam ?

Impossible à dire bien sûr mais il est évident qu'il y a aussi, depuis quelques décennies, une tendance générale des femmes à s'habiller de manière de plus en plus discrète et décente : les jupes, les talons hauts, le maquillage, c'est en train de disparaître et ça n'a rien à voir avec le développement de l'islamisme. De plus en plus, on s'habille neutre, presque comme des mecs, et on a vite fait d'être jugée provocante aujourd'hui en France.


On est de plus en plus puritains, il faut le reconnaître ! Ça concerne toutes les sphères de la société, pas seulement certaine catégories sociales ou religieuses.

On vit dans une autre époque caractérisée par le refus de la séduction, désormais, jugée triviale. Le refus de la séduction, c'est aussi refus de la différence des sexes. C'est la grande mutation du psychisme humain à laquelle nous assistons aujourd'hui. On serait homme ou femme par choix et non par destin.


L'indifférenciation, l'unisexe, c'est devenu notre rêve, notre grand fantasme, et ça trouve, en particulier, son expression dans la théorie du genre.

Bien sûr qu'il faut affirmer la stricte égalité de l'homme et de la femme; Mais être égaux ne veut pas dire qu'on est pareils. On se prive, aujourd'hui, du plaisir de la découverte de l'altérité et, finalement, on a moins de considération et de respect pour l'autre. Curieusement, les hommes et les femmes s'ignorent et se haïssent de plus en plus alors qu'on ne cesse d'affirmer leur absolue identité. Le ressentiment et la rancœur entre les sexes n'ont jamais été aussi forts.

Quoi qu'il en soit, il y a deux manifestations aux quelles j'accorde toute ma sympathie: la journée de la jupe et le mouvement pour que les femmes puissent se réapproprier les cafés.


Images de Natalie SHAU, jeune artiste digitale de Lituanie (Vilnius).

samedi 17 juin 2017

C'est demain l'été !


L'été, je n'aime pas du tout! La chaleur, la lumière, j'ai en horreur. Ma seule consolation, c'est qu'à partir du 21 juin, la durée des jours décline.

 Un de mes lecteurs assidus, un Québecquois bien connu, Richard, m'a demandé, l'an dernier, des photos de mon petit jardin parisien.

J'ai beaucoup traîné parce qu'avouer, en France, qu'on a un petit jardin, dans Paris 17 ème, ça suscite, immédiatement, la haine et une effroyable jalousie. On se fait tout de suite traiter de "sale bobo". Mais est-ce qu'il ne faut pas, non plus, savoir s'affranchir de cette épouvantable logique ?. 

Tant pis ! J'ai choisi, aujourd'hui, de transgresser. J'ai conscience que ça peut apparaître odieux, arrogant, mais je peux aussi m'en expliquer.

Voici, donc, quelques images, donnant sur ma cuisine. En fait, je n'ai pas du tout la passion du jardinage. Je ne fais rien, je n'aime pas les travaux manuels. Je laisse donc tout pousser, au hasard, en complète anarchie: mon petit jardin, c'est, en fait, une véritable jungle ! Je me suis, simplement, contentée de balancer quelques plantes mais ça a, curieusement, marché.



J'ai, quand même, une forte prédilection pour les arbres et fleurs japonais. Je suis fanatique d'hortensias (qui ne viennent pas de Bretagne, comme on le croit généralement,  mais du Japon, depuis la fin du 19ème siècle), de camélias (idem) et d'érables japonais (qui deviennent tout rouges à l'automne).


Au total, les hortensias et les camélias, c'est mon grand amour. Il n'y a pas plus beau pour moi. Et c'est un lien singulier, méconnu, entre la France et le Japon. Parce que, pratiquement, on ne trouve des hortensias et des camélias que dans ces deux pays.


Photos de Carmilla Le Golem chez elle-même, en mars et en juin 2017 (pour les camélias puis pour les hortensias). 

samedi 10 juin 2017

Nostalgie


Pas de blabla cette semaine! J'en ai marre et vous devez en avoir marre aussi.


Juste quelques images essayant d'exprimer la nostalgie qui m'envahit parfois. 

Quand reviendrai-je là-bas ?


Photos de Carmilla Le Golem au musée Henner et à l'occasion de l'un de mes derniers voyages  à Saint-Pétersbourg .

Tableau d'Olga PICASSO (Olga KHOKHLOVA). Une très belle exposition lui est, aujourd'hui, consacrée à Paris.

Je me réjouis, enfin, de la victoire de Jelena Ostapenko à Roland-Garros (même si je suis aussi très triste pour Simona Halep). Une folle de Riga d'origine ukrainienne.

samedi 3 juin 2017

"Le désenchantement du monde"



Le retour du religieux, c'est un thème à la mode mais je n'y crois pas trop. Ça plaît surtout aux déclinistes-catastrophistes et aux nostalgiques mais même la montée de l'Islam me laisse sceptique. On va tous devenir musulmans, dit-on! Ça fait très peur aujourd'hui.  La solution, ce serait la "Soumission" (Houellebecq). 

L'effondrement du christianisme, c'est évident. Petit exemple: c'est la Pentecôte aujourd'hui mais j'ai l'impression que presque plus personne, en France, ne sait à quoi correspond cette fête religieuse. Et d'ailleurs, on passe tout de suite pour un simple d'esprit si on dit qu'on adhère au christianisme.

Ça contraste certes avec certains pays d'Europe Centrale (la Pologne, l'Ukraine, la Russie) où les églises sont pleines à craquer mais, là-bas aussi, c'est en train de changer. Les jeunes se détournent massivement de l'église. 

Non, non ! le 21 ème siècle ne sera pas du tout religieux ! Et même, dans un avenir très proche, j'ose le prédire, tout le monde, en Europe, sera, y compris chez les musulmans, sinon athée, du moins sceptique. C'est l'Islam qui se fondra dans l'Europe et non le contraire.

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Tout ça parce qu'on a changé d'ère, qu'on est vraiment emporté par un mouvement irrépressible, celui de la démocratie, le nouveau moteur des sociétés humaines, contre le quel les religions ne peuvent pas faire grand chose.

Le religieux, ça va, en effet, bien au-delà des croyances et des pratiques individuelles.  Ça a structuré la société politique jusqu'à une époque très récente. Mais aujourd'hui, c'est terminé ! Les religions sont désormais hors du jeu politique.


Ça a commencé avec le christianisme mais la disparition prochaine du christianisme, est-ce qu'il faut la déplorer ? Il a lui-même programmé sa propre mort: Il a été la "religion de la sortie de la religion" avec ses  principes égalitaires, son refus des idoles et des boucs-émissaires. Il a préparé l'avènement de la société démocratique dans la quelle il trouve un peu son prolongement.  

Tout a ainsi basculé il y a environ deux siècles avec la pensée des Lumières. On s'est mis à faire confiance au pouvoir de la raison et au libre choix de l'individu. L'Europe a, alors trouvé la logique de son développement: la démocratie et l'Histoire. "Plus rien n'a cours de ce qui justifiait la domination, la subordination, la dépendance".


Dieu a définitivement quitté le monde profane avec l'avènement de la société démocratique.


Les hommes viennent de se libérer mais il leur appartient désormais de se gouverner par eux-mêmes. On ne s'en rend pas bien compte mais une nouvelle ère s'ouvre: "l'histoire de la libération est derrière nous; l'histoire de la liberté commence" et elle commence parce que nous ne savons pas trop quoi en faire.


Ça explique, bien sûr, l'inquiétude, le malaise actuels.

Mais est-ce que ça justifie la peur, la "soumission" d'emblée acceptée ?

Pas du tout ! L'esprit démocratique saura balayer, j'en suis sûre, l'Islam comme toutes les religions. Il ne vit aujourd'hui que ses derniers soubresauts.

La guerre des religions, c'est fini ! Tout simplement parce que l'esprit démocratique est en train d'éjecter du champ politique les religions. Libre à vous, cependant, de continuer à croire en qui et à quoi vous voulez.


Tableaux de Gérard GAROUSTE (né en 1946).

Mes propos sont, bien sûr, inspirés (sans doute avec de multiples déformations) de l'oeuvre de Marcel Gauchet.