samedi 27 mai 2017

La vie toboggan

Je ne vous dis pas tout dans mon blog, loin s'en faut ! Vous l'avez, peut-être, remarqué mais, depuis quelques mois, Carmilla Le Golem, ça n'était plus vraiment ça. J'ai, en fait,  rédigé, mécaniquement, mes posts: quelques bêtises avec lesquelles j'ai essayé de faire illusion. C'était, sans doute, médiocre mais j'y suis, malgré tout, arrivée, je ne sais pas comment. J'ai été même tentée de suspendre mon blog. 
   

Je le reconnais: j'ai un peu plongé ces derniers temps.

Saisie d'une humeur sombre, envahie par un pessimisme noir: angoisses de mort, de maladie !. Étonnant quand on est une vampire, donc immortelle !


Mais je crois que personne n'est d'un tempérament sans cesse égal. La sérénité, imperturbable, je n'y crois pas.

Chacun d'entre nous est confronté, deux ou trois fois dans sa vie (voire plus, voire moins), à ces jours terribles où on va lui annoncer qu'il va survivre ou prochainement périr.

 

Aussi blindés soit-on, on se trouve, alors, emportés dans une spirale dépressive. On est, brutalement, torturés de doutes, d'inquiétudes. Le monde n'a plus les mêmes couleurs, on ne sait plus de quel côté de la barrière on se situe.


La vie n'est pas un fleuve tranquille. C'est souvent, plutôt, un toboggan. Un toboggan dont on ne retrouve pas toujours le sommet.

Tout se joue, finalement, sur un coup de dés. La vie peut bifurquer tout à coup et c'est ce qu'il est le plus difficile d'admettre. Vis à vis de la mort, nous ne sommes pas tous égaux, il y a même une injustice fondamentale.


Admettre, supporter, le hasard, l'injustice de la vie, c'est quasiment impossible. Pourquoi moi ?


Mais finalement, le hasard semble m'avoir été favorable. "REVIVAL" donc et poursuite de Carmilla le Golem.

Tableaux d'une jeune artiste suisse de Zürich: Louisa GAGLIARDI née en 1988. J'adore et elle a, j'en suis sûre, un grand avenir.

samedi 20 mai 2017

Est-ce qu'on a un Destin ?


Je sais bien que je risque d'agacer en parlant de lui mais c'est sûr qu'Emmanuel Macron est fascinant. D'abord, il nous ringardise tous un peu en nous renvoyant à nos préjugés et oppositions sommaires. Ensuite, il incarne la rencontre, incroyable, d'un homme et d'un Destin: il y a un an, il était vraiment le seul à croire en lui.


C'est ça qui m'étonne, me trouble le plus, tellement c'est éloigné de ma vision de la vie. Le Destin, c'est vrai que beaucoup de gens semblent croire en ça ! Dès leur plus jeune âge, dès leur adolescence, plein de gens semblent sûrs de ce que, plus tard, ils deviendront, de ce qu'ils feront. Leur vie est, d'emblée, programmée. Pour ça, ils sont dociles, ils se plient au cursus obligatoire, ils font les bonnes études. Ils ont une confiance inébranlable en eux. Mais finalement, ces gens là sont heureux. La vie sur des rails, c'est bien !


Moi, je n'ai jamais su ce que je voulais faire, je n'ai jamais cru que j'avais un destin. Je n'ai jamais eu aucune ambition personnelle, professionnelle, artistique. Je me suis toujours sentie ballottée par la vie, vivant simplement au hasard des circonstances. La vocation, le Destin, ça m'a toujours été étranger. Peut-être que j'aurais pu, aussi, être vendeuse, serveuse, call-girl, taxi, hôtesse, bureaucrate etc..., et que je me serais sentie pareillement heureuse et n'en aurais conçu aucune amertume. Mon seul problème, ça n'a, toujours, été que la survie économique.


La vie, ça m'est toujours apparu une espèce de loterie (les amours, les amants, la vie professionnelle), façonnée au gré des hasards, opportunités. M'adapter, ça a été ma seule préoccupation. Bien sûr, j'aurais préféré être artiste, intellectuelle, mais je n'avais pas, non plus, le niveau.


La méritocratie républicaine, on parle beaucoup de ça aujourd'hui ! Mais mes mérites à moi, ils m'apparaissent très limités. J'ai certes réussi quelques concours, éventuellement prestigieux, mais simplement par hasard, par chance ! J'étais toujours impréparée, à côté ! J'ai toujours pensé que c'était mon physique qui avait fait la différence et je me suis toujours sentie coupable vis-à-vis de ceux dont j'avais pris la place.

On m'a, heureusement, découvert un petit talent en maths, finances. Pourquoi pas ? Mais ça aurait pu, aussi, être autre chose. Je ne m'en plains pas parce que, finalement, je vis, maintenant, débarrassée des problèmes matériels que j'ai toujours eus en horreur.


Mais, au total, qu'est-ce que la vie ? Je ne regrette pas, non plus, de ne jamais avoir eu aucun projet, aucun objectif, de ne m'être jamais identifiée à aucun destin, aucune vocation. Ça ne m'a finalement pas si mal réussi même si je suis dispersée, incohérente, spécialiste de rien du tout. Ma superficialité, je la revendique même !


Mais être un papillon, est-ce que ça n'est pas mieux qu'être un bœuf ?


Tableaux de Claude VERLINDE, peintre surréaliste français, né en 1927 de parents flamands. Il est tombé dans l'oubli comme presque tout le mouvement surréaliste. Pourquoi ? Ça n'était tout de même pas si mauvais. On s'est mis à haïr, curieusement, la représentation.

dimanche 14 mai 2017

Des souvenirs


Qu'est-ce qui reste en nous d'une vie, de sa vie, qu'est-ce qu'on en retient ? Quelles images viennent hanter, en boucle, nos rêves, nous empêchent de dormir ? Le bonheur, le malheur ?


J'ai la réputation d'être hyper-mnésique, de tout imprimer, définitivement, dans mon cerveau. C'est vrai que j'ai, probablement, une bonne mémoire dans le temps. Je suis capable de reconstituer instantanément ce que je faisais, tel jour, il y a 1 an, 5 ans, 10 ans et au-delà. Je me souviens de tout, je n'oublie à peu près rien. C'est pour ça que je déteste tous les systèmes électroniques d'agenda, de repérage (je n'ai ni GPS, ni calculatrice, c'est à peine si j'ai un i-phone) : je n'ai pas besoin de ça!

Je tiens ça de ma mère qui était championne de calcul mental et ordinateur à elle-même. Je suis probablement imbattable dans le domaine du temps mais, en ce qui concerne la mémoire visuelle, je suis, plutôt,  déficiente: j'ai du mal à reconnaître les gens, ils m'apparaissent toujours différents de l'image que j'avais d'eux.


La mémoire, en fait, elle est largement émotionnelle, affective, et je fais, donc, comme tout le monde: je trie, je sélectionne mes souvenirs. Et ce que je tamise, ce qui vient ensuite me hanter, ce ne sont pas tellement les moments heureux de ma vie.


Le bonheur (les amours, les fêtes), il est sans prolongement. Il est, tout entier, dans le registre de l'instant, il ne nous change pas, il est sans vertu formatrice, éducative. On le vit passivement, simplement, dans son immédiateté sans en retirer une quelconque leçon. C'est pourquoi, il s'efface vite et s'inverse même, le plus souvent, dans le malheur. Le bonheur n'est jamais sans contrepartie !

Finalement, évoquer les instants de bonheur, c'est toujours douloureux. Pour ma part, j'évite, j'évacue ça ! Mes amants, je veux, surtout, les oublier !


En fait, ce que je revis, principalement, c'est tout ce qui m'a fait souffrir : ma détresse et ma solitude lorsque j'étais écolière, les humiliations vécues (tous les types qui m'ont dit que j'étais nulle), la honte éprouvée (t'es habillée comme une pute ou une provinciale), la maladie et la mort des proches (les cercueils de mes parents, de ma sœur) !  Les souvenirs, pour moi, c'est surtout tragique !


Mais ça n'est quand même pas que ça. Les souvenirs, c'est aussi, et beaucoup, la nostalgie. La nuit, dans mes rêves, elle m'assaille sans cesse. Et la nostalgie, ce n'est pas tellement le bonheur, c'est la mélancolie, une tristesse diffuse mais exaltante.


La nostalgie, ce sont tous les lieux où j'ai pu vivre, autrefois, et qui appartiennent, maintenant, à un passé complètement révolu: Téhéran, Moscou, Kiev, Varsovie.

Ça n'était peut-être pas beau à cette époque, voire carrément affreux et, même, sinistre. Mais la beauté, l'agrément, d'un pays, ce n'est pas simplement ça qui fait qu'on s'y sente heureux. La laideur, la mélancolie aiguisent le regard, l'intelligence. J'aime ce que l'on juge moche !



Même si c'était peut-être des pays d'une infinie tristesse, j'y ai, aussi, été heureuse. Mais aujourd'hui, quand je reviens là-bas, je ne retrouve plus rien, tout est devenu comme ailleurs. Une autre grisaille s'est substituée, celle de la banalité mondialisée avec une même uniformité urbaine.

Je vis, aujourd'hui, à Paris 17ème (près du Parc Monceau), l'un des sommets de la culture européenne. Mais je sais aussi que je pourrais vivre sans aucun problème (et j'y serais peut-être, même, plus heureuse) à Laon, à Astana, à Perm.


Tableaux de Christian SCHLOE, jeune artiste surréaliste autrichien:  peut-être pas un grand peintre mais qui m'a semblé s'accorder à mon propos.

dimanche 7 mai 2017

Lettres européennes


A un moment où l'"opinion", le peuple, semblent rejeter, de plus en plus, l'Europe, voici quelques livres, lus récemment,  qui évoquent, tous, les tragédies de l'Europe.

Un peu de Russie d'abord

- Diana NIKIFOROFF: "De la Russie en révolution à la Cité interdite". Le destin inouï d'une jeune femme plongée dans la guerre civile en Ukraine et en Russie à partir de 1918. La famine, la mort des proches puis un long périple vers la Chine et un long séjour à Pékin. Un livre extraordinaire qui permettra surtout, à beaucoup de lecteurs, de découvrir une période tragique de l'histoire totalement méconnue.




- Sofia TCHOUIKINA: "Les gens d'autrefois". La noblesse russe, ça représentait une part non négligeable ( plus de 1 %) de la population: soit près de 2 millions de personnes bénéficiant, certes, d'une vie agréable et privilégiée mais pourvues, aussi, d'une culture et éducation spécifiques. Beaucoup ont, bien sûr, émigré après la Révolution mais certains sont, malgré tout restés et ont essayé, tant bien que mal, de s'adapter. Des destins tragiques que l'on commence seulement à évoquer aujourd'hui. Il y a eu un silence absolu, rappelons-le, sur les massacres et la répression qui ont suivi la Révolution.



- Ludmila OULITSKAÏA: "A conserver précieusement". La grande écrivain russe contemporaine, la plus célèbre. Ce n'est pas un roman mais un recueil de souvenirs, réflexions autobiographiques, interviews, portraits. Un regard incisif sur la société, la politique, la maladie, le destin. Une excellente introduction à Oulitskaïa.

- Vladimir FEDOROVSKI: "Poutine de A à Z". Les livres de Fedorovski, ancien diplomate de l'ex-URSS, m'apparaissent souvent superficiels tant ils sont nombreux. Mais pas celui-là: un panorama passionnant et exhaustif de la Russie contemporaine avec de multiples clés et analyses de la personnalité de Poutine. Un livre de révélations sur un personnage hors normes, son entourage, sa vie personnelle, ses méthodes. Je recommande en particulier le portrait de l'espionne Anna Chapman.



Un peu d'Allemagne ensuite :

- Sacha BATTHYANY: "Mais en quoi suis-je donc concerné ? Un crime en mars 1945". Sacha Batthyany est un jeune journaliste suisse mais la famille des Batthyany a marqué l'histoire hongroise et européenne pendant des siècles. Il découvre, fortuitement, que sa richissime tante a organisé, en mars 1945, une fête à l'issue de laquelle les invités assassinèrent 180 juifs.

Sacha Batthyany commence alors à enquêter sur le déroulement exact des faits et il se trouve, alors, confronté à un questionnement bien plus personnel: en quoi tout cela peut-il bien le concerner ? Ses recherches le mènent dans la Hongrie d'antan, l'Autriche et la Suisse, sur le site d'un Goulag en Sibérie, à Buenos-Aires. Comment l'Histoire façonne notre regard sur nous-mêmes. Extraordinaire ! 


- Volker ULLRICH: "Adolf Hitler - L'ascension 1889-1939". Evidemment, les deux premiers tomes de cette biographie de Hitler totalisent plus de 900 pages et la suite n'est pas attendue avant 2018. On pensait qu'après Kershaw, il n'y avait plus rien à écrire sur Hitler. Ce livre est remarquable par sa rigueur et son honnêteté intellectuelle. Il se concentre sur la personnalité de Hitler: "Démagogue de premier ordre, comédien tout à fait doué..., pratiquant à merveille l'art de la dissimulation,...doué d'une capacité d'appréhender et d'exploiter en un éclair les situations favorables". Un Hitler restitué dans sa complexité, son humanité (même si l'on a du mal à employer ce terme à son propos). Fascinant : à lire surtout aujourd'hui à l'heure où nous assistons au retour des démagogues.

Un peu d'Islande ensuite:

Eirikur Örn NORDDAHL: "Heimska La stupidité". L'Islande, c'est vraiment une énigme. Un tout petit pays (300 000 habitants) où l'on lit le plus au monde et produit des écrivains à la pelle. NORDDAHL s'est fait connaître, récemment, avec un très grand livre: "Illska, le Mal". Ce dernier petit livre évoque un futur proche, celui de la surveillance généralisée, de la transparence complète, où tout ce qui est caché devient suspect.


Un peu d'Iran aussi (mais l'Iran pour moi, c'est également l'Europe) :

- Maryam MADJIDI: "Marx et la poupée". Maryam Madjidi a quitté, à 6 ans, l'Iran dans les années 80. Elle développe une réflexion que j'ai adorée sur l'exil, le déracinement, l'appartenance à deux cultures. Savez-vous, par exemple, qu'on peut trouver horrible, immangeable, la cuisine française ? Et puis la nostalgie des paysages, des montagnes, des fleurs, des fruits, des jardins, du raffinement artistique, de la poésie. A lire absolument par tous ceux qui connaissent les deux pays.


Enfin un peu de littérature française:

- Franz-Olivier GIESBERT: "Belle d'amour". Des préjugés m'avaient jusqu'alors écartée de Franz-Olivier GIESBERT: un journaliste touche à tout. Et bien, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce bouquin. Ce n'est certes pas de la grande littérature mais il brasse, avec beaucoup de talent, l'histoire du monde. J'ai, comme ça, appris plein de choses sur le Moyen-Age, Saint-Louis et ses croisades. Du coup, j'ai tout de suite enchaîné avec l'un de ses précédents bouquins: "La cuisinière d'Himmler" qui a la même dimension historique.



- Alessandro GIRAUDO: "Or, argent et folie des grandeurs". Un petit bouquin d'économie, enfin, qui retrace comment l'attrait de l'or a façonné l'histoire du monde. C'est passionnant (même pour des non-économistes) et écrit avec esprit de synthèse et de pédagogie. Préfacé par Jacques Attali.


Tableaux de Clovis TROUILLE (1889-1975). Grand peintre picard (né à La Fère dans l'Aisne) Il est aujourd'hui tombé dans l'oubli mais il était très apprécié du mouvement surréaliste. Il était peut-être kitsch mais j'aime bien son côté subversif. Il se réclamait de l'anarchisme, il exaltait la couleur, l'érotisme. Il dénonçait, de manière virulente l'armée, la religion (le sabre, le goupillon) les institutions. Il n'y a plus, aujourd'hui, de révoltés comme lui, juste des aigris, des revanchards, des gens pleins de fiel.