dimanche 17 décembre 2017

Back to Russia


Je suis toujours là-bas mais je profite d'un petit moment de répit pour vous poster quelques-unes de mes petites images.


Partir, changer, ça n'est jamais facile. Au début, c'est presque un traumatisme parce qu'on laisse plein de choses derrière soi: des amis, des collègues, des habitudes.


Et puis, rapidement, on acquiert ou retrouve de nouveaux repères...


J'avoue que je me sens déjà à l'aise et que je commence à souffler un peu.


Je suis déjà contente de trouver un climat plus frais qui me convient davantage même s'il y a, chaque année, moins de neige à Moscou. Le réchauffement climatique, il est flagrant en Europe du Nord. Bientôt, il faudra aller jusqu'à Norilsk pour pouvoir apprécier un véritable hiver.


C'est agréable aussi de changer complètement de cadre social et culturel: de ne plus entendre parler français et, surtout, d'être complètement déconnectée de la continuelle rumeur médiatique. Il paraît que j'ai échappé à la mort de Johnny : ouf ! C'est là qu'on se rend compte à quel point l'actualité, les "news", ça peut être abrutissant, normalisateur. Evidemment, je retrouve en Russie une même pression médiatique mais elle est, du moins, complètement différente; ça me change et, aujourd'hui, même si je vais vite m'en lasser, ça m'intéresse, ça m'ouvre de nouvelles perspectives. On parle très peu d'actualité politique et internationale en Russie mais on adore les émissions où des anonymes viennent raconter leur vie, forcément tragique et démente.


Sinon, Moscou ça ne correspond vraiment pas à l'image qu'on en diffuse à l'Ouest. Je me contenterai de tordre le cou à deux idées reçues: l'insécurité et les inégalités.


 * L'insécurité. La petite délinquance est, en fait, très rare et se faire agresser ou voler est très improbable. On peut encore oublier son sac à la terrasse d'un café avec de bonnes chances de le retrouver.  Et puis, il n'existe pas de quartiers "chauds" ou de banlieues horribles. Pour une femme, c'est beaucoup plus tranquille, on est bien moins embêtée dans l'espace public. Il faut dire que la Russie est un pays à la fois machiste (avec une forte différence des sexes) et matriarcal (les femmes sont redoutées comme dans tous les pays slaves).

A propos des femmes, j'ai d'ailleurs noté que, depuis mon dernier séjour, les Moscovites commençaient à s'habiller normalement, avec bon goût.


* Les inégalités. C'est vrai que la contemplation du seul parc automobile moscovite laisse rêveur. Rien que des berlines haut de gamme. Quant aux magasins, restaurants, cafés, boîtes et commerces de luxe, c'est mieux qu'à Paris. Mais on assiste aussi à l'émergence d'une vaste classe moyenne qui vit plutôt bien. Surtout, on ne rencontre plus, comme par le passé, d'innombrables mendiants et misérables errant dans les rues aux abords des gares.


Je terminerai avec un émerveillement personnel. J'ai connu, autrefois, une Russie où tout était sale, déglingué, où rien ne marchait. Aujourd'hui, tout marche, tout fonctionne: l'eau, l'électricité, les trains, le métro, le téléphone. Tout est même devenu propre. Ça m'étonne chaque jour.
  




















Photos de Carmilla Le Golem. Ce sont des images un peu touristiques évidemment mais j'ai pensé que vous ne connaissiez peut-être pas tous très bien Moscou. Par ailleurs, j'ai beaucoup de mal à faire des photos parce que la durée du jour est, en ce moment, très courte (8 H 30/16 H) et qu'il fait continuellement très sombre. Je n'ai pas encore vu un seul rayon de soleil.

J'espère, du moins, vous inciter à venir, bientôt, faire un tour là-bas. Mais si vous voulez éviter de belles galères, mettez-vous au russe. A la demande d'amis français, j'ai bien regardé: tout demeure écrit en cyrillique y compris dans le métro. Je ne sais donc pas comment on peut se repérer, se déplacer...

samedi 2 décembre 2017

Départ


Ça y est ! Je viens de changer de boulot et je commence par m'envoler pour Moscou dès la semaine prochaine. Je reviendrai à Paris, bien sûr, mais je serai évidemment moins régulière sur mon blog. J'aurai, du moins, davantage de voyages à vous relater.


La Russie, je n'y ai pas mis les pieds depuis 2011. Je ne voulais plus y aller depuis l'affaire de la Crimée mais c'était une position qui n'était pas tenable à long terme. Ça commençait à me manquer trop.


Surtout Moscou est devenue (on ne le sait pas trop en France) une des grandes capitales du monde, l'une des villes qu'il faut absolument avoir visité, une nouvelle Babylone où l'on peut trouver tout ce que l'on peut souhaiter. Pour s'amuser, faire la fête, 24 H/24, je ne crois pas qu'il y ait mieux. Paris fait vraiment endormi en comparaison.


C'est aussi une ville à la pointe de la modernité avec des quartiers entiers, à l'architecture novatrice, consacrés au shopping, au design, à l'art contemporain.


Evidemment, il faut supporter les Russes, leur impolitesse, leur brutalité, leurs querelles incessantes dans la rue, le stress de la vie quotidienne fait de multiples incidents, contrariétés.


Souvent, je préférerais ne pas parler russe et qu'on me prenne pour une Française mais c'est évidemment impossible. Alors il faut que je m'habitue à m'engueuler avec 2 ou 3 personnes chaque jour.


Mais c'est évidemment plus compliqué que ça. Les Russes et les Français ont des traits culturels communs. Ce sont deux peuples qui ont fait la Révolution. Alors, on déteste servir les autres et on s'autorise à les toiser, à être désagréable avec eux, à être impoli, les envoyer promener. Il suffit de se rendre dans un commerce, un service public, un restaurant, pour comprendre ça. C'est profondément ancré dans la culture encore plus chez les Russes que chez les Français.


Il y a comme ça plein de gens odieux en Russie, plein d'effroyables petits tyrans colériques, et je suis stressée à l'idée de les retrouver. Mais je reconnais aussi qu'on peut y rencontrer, également, plein de gens extraordinaires, merveilleux. Mais ce type de rencontres se fait rarement dans la rue.


Voilà, je vous quitte. Il faut d'abord que je me refasse une garde-robe russe et ça n'est pas facile à Paris.

Mes dernières (temporairement) photos parisiennes prises, évidemment, au Parc Monceau, au Luxembourg et depuis l'Ile-Saint-Louis.

Je signale, à l'attention de mes fans, que l'on peut me trouver à Moscou, à l'Hôtel "Slovianskaïa".

dimanche 26 novembre 2017

La recherche du pouvoir


Il faut le reconnaître: on aspire tous à l'exercice du pouvoir! On est convaincus que les gens qui ont du pouvoir sont  heureux parce qu'ils concentrent l'attention et bénéficient de davantage de considération.  


C'est pour ça qu'on se démène pour faire carrière, qu'on se tue à passer des examens, des concours, pour accéder, ensuite, à des responsabilités élevées, quitte à sacrifier sa vie personnelle pour ça.


En fait, on a complètement intégré tous les schémas de la hiérarchie et de la domination sociales. C'est même profondément ancré en nous. Toutes les belles considérations démocratiques et égalitaires n'y changent pas grand chose. Le phénomène ne semble d'ailleurs pas propre à la société française. Partout, on ajuste notre attitude en fonction de la situation sociale de notre interlocuteur. Et partout, les gens les plus malheureux, ce sont ceux qui se sentent privés de toute forme de pouvoir. 


Pour preuve: il y a tous les "humiliés", les "offensés", qui se vengent:  les innombrables "petits chefs" qui exercent une effroyable tyrannie: boutiquiers, gardiens, videurs de boîte de nuit, agents administratifs... On est souvent d'autant plus odieux qu'on est petit et qu'on vous concède une parcelle d'autorité. Le pouvoir, ça semble vraiment une aspiration humaine essentielle.
  

Le pouvoir, je connais ça un peu: j'ai eu la chance de réussir (je ne sais pas comment) des concours un peu prestigieux. Donc, quand on connaît un peu mon C.V., on est toujours gentil, souriant, aimable avec moi. Quand je demande quelque chose, je sais qu'on va chercher à me donner rapidement satisfaction. Si j'ai besoin d'un médecin, je suis tout de suite reçue par l'un des meilleurs spécialistes. C'est bien sûr affreux mais comment refuser ça ? Est-ce que je vais attendre 3 mois comme tout le monde ? Et si j'avais des enfants, est-ce que je ne m'arrangerais pas pour qu'ils étudient à Louis-le-Grand ou Henri IV ?


Le copinage, la corruption (l'esprit d'entraide), ça existe dans tous les pays (pas seulement en France). On aime se vanter d'avoir "le bras long". Mais que serait une société sans aucune corruption ? Une société où l'on appliquerait, implacablement, les règles du droit ? Ce serait sûrement invivable ! Qui n'a jamais recommandé un ami, un parent ?


Oui ! C'est vrai que c'est pas mal d'avoir un peu de pouvoir. C'est une satisfaction narcissique ! On peut croire, de brefs instants, que l'on est quelqu'un d'exceptionnel.


Mais ça a un prix exorbitant !


On est assaillis de multiples demandes contradictoires aux quelles on ne sait pas répondre. On ne s'en sort pas, on est crevés, épuisés! On ne fait pas 35 heures par semaine, mais 35 heures par jour. Toutes nos nuits sont hantées par le boulot. Mais tant pis pour nous, on n'a pas à se plaindre, on est payés pour ça.


Bien sûr! Mais contrairement à ce que l'on imagine, on ne nous aime pas du tout. On nous épie continuellement, on scrute notre vie personnelle ! Et puis, régulièrement, on nous traîne dans la boue ! La solitude du pouvoir, c'est un thème très banal mais très réel.


En plus quand on est une femme, c'est le blocage sexuel complet. C'est le contraire du harcèlement autorisé aux mâles. Qui va oser se taper la directrice ?


Et puis je sais que quand je quitterai ma boîte, quand je n'aurai plus de pouvoir, tout ça sera effacé !
Je ne serai plus rien pour la plupart parce que je n'aurai plus de pouvoir d'influence.
Ça permet du moins de compter ses véritables amis.

C'est peut-être triste, dommage, mais c'est la vie ! Ça  n'a pas non plus de réelle importance !
Parce que je ne saurais, de toute manière, échanger ma vie, qu'elles qu'en aient été les difficultés, la souffrance. Elle n'appartient qu'à moi, dans sa beauté et son angoisse.


Je continue avec mes petites photos parisiennes. Tant pis pour leurs imperfections. Je précise qu'elles ont été principalement prises dans le 5ème (square Scipion, église Saint-Médard, rue du Pot-de-Fer, Collège des Irlandais). La 1ère image, c'est évidemment le Parc Monceau et la dernière, la gare d'Austerlitz.