dimanche 14 août 2016

Au revoir !


Je m'en vais, je pars, je fous le camp !

Ça me fait un peu drôle d'être, tout à coup, libérée de la contrainte de me lever, tous les jours, à 5 H 30 et de me coucher je ne sais pas quand.

Et de me dire que, pendant 3 semaines, une centaine d'idiots ne vont pas, chaque jour, me téléphoner ou m'adresser un mail pour me demander de résoudre des problèmes aux quels je ne comprends, de toute manière, absolument rien !

C'est primaire, c'est bête mais je suis, quelquefois, simplement crevée !


Alors, le premier jour de liberté, on se sent un peu idiote, désorientée, on ne sait pas trop quoi faire ! On  est un peu l'animal qui a toujours vécu en cage; mais le problème, la difficulté, c'est de ne pas reproduire, tout à coup libérée, la vie que l'on avait lorsque l'on vivait en cage.

Comme une bête, je suis donc sortie, hier matin, dans Paris. Presque nue, tellement il faisait chaud: robe courte, ultra légère et high-heels, juste une jolie culotte. Pour moi, c'est ça le grand plaisir de l'été: pouvoir se promener habillée de manière totalement indécente. C'est important, surtout aujourd'hui ! Malheureusement, personne, hier, ne m'a sifflée parce que Paris était incroyablement, absolument, désert. Déconcertant, décevant !


Tant pis!
Je suis allée voir l'exposition de Michel Houellebecq au Palais de Tokyo. C'est fort et je vous conseille vivement !

Étrangement, Michel Houellebecq visitait, lui-même, en même temps que moi, sa propre exposition. Il ne m'a absolument pas remarquée, mais pas moins que la totalité des visiteurs, le regard perdu, flottant, réfrigérant. C'est sûr qu'il n'est pas un grand communiquant, il vous déprime tout de suite.


Pour apaiser ma frustration, j'ai claqué hier quelques photos de Paris que je vous livre comme ça. La photo, j'en fais rarement et je me sens souvent nulle. Mais tant pis ! Je me réfugie dans la techno et j'essaie de compenser en utilisant le matériel que je crois le meilleur possible.




Et après-demain, je m'envole pour la Lettonie. La Lettonie ? Je vous expliquerai plus tard pourquoi je vais là-bas. En attendant, je vous précise que je suspends mon blog, comme chaque année, pendant quelques semaines (mais je demeure joignable sur messagerie).


Photos de Carmilla Le Golem

Au cinéma, je recommande: "L'économie du couple" de Joachim LAFOSSE, "Sieranevada" de Cristi PUIU, "Moi, Olga" de Petr KAZDA (la Tchécoslovaquie des années 70).

dimanche 7 août 2016

La normalité du tueur


Après chaque attentat en France, on semble s'étonner. Comment se fait-il qu'on n'ait pas repéré, longtemps à l'avance, les assassins ? Les tueurs, c'est forcément des dingues, des exaltés, des pervers, des fous et ça se remarque tout de suite. Les Renseignements, la police, c'est vraiment des Pieds Nickelés.


Et puis, on découvre que les assassins étaient des types tout ce qu'il y a de plus normal et même des jeunes gens éventuellement sympathiques et serviables.

Ça peut apparaître des réflexions de parfaite idiote mais c'est sûr qu'on vit, aujourd'hui, dans un monde d'indifférenciation croissante: du Bien et du Mal, de la vie et de la mort, du masculin et du féminin. Tout est pareil, tout se vaut et il n'y a plus d'interdit à transgresser. Tout peut, de toute manière, s'acheter.



Et c'est comme ça qu'on assiste à la dilution impressionnante de la démence dans le cours banal de la vie. La folie et la normalité sont aujourd'hui englobées dans un même monde, l'envers et l'endroit d'une magnifique bande de Möbius.

Bien malin qui pourra les distinguer ! Et c'est peut-être pour ça qu'il est si facile de commettre un crime aujourd'hui. De le préparer de manière méticuleuse, impavide. D'abord, les freins matériels, moraux, n'existent plus. En plus, tout le monde s'en fout, de vous, de vos projets, jusqu'à la déflagration finale.


Et même après! Passé un premier moment d'émotion, tout ça s'évapore comme un incident de la société du spectacle: ce qui est important, c'est qu'on puisse rapidement reprendre le cours de la banalité, de la vie aplatie.

Et d'ailleurs, la mort, on a décrété que ça n'existait plus. Bientôt on sera immortels, Google nous l'a promis !
Plus de barrières, plus de murs, vive le transhumanisme !


La paradoxale contiguïté de la vie et de cette mort que l'on refoule à toute force. La porosité, ténuité, du passage de la vie au trépas mais aussi bien de la normalité à la monstruosité. C'est ça la modernité !

Mais il arrive, aussi, que la Mort se venge ! Qu'elle vienne nous rappeler que rien n'est réversible ! La monstruosité,  tout à coup, fait sens dans un océan d'indifférence !

De la mort, on ne se débarrassera jamais. Elle se fait même, paradoxalement, de plus en plus insistante, elle nous hante sans cesse, elle saisit  continûment le vif.


Une sélection de tableaux illustrant des scènes de crime: Edvard MUNCH, Paul CEZANNE, René MAGRITTE, George GROSZ et enfin Franz Von STUCK. C'est ce dernier tableau que je préfère.