samedi 16 juillet 2016

Du nationalisme


Les nationalismes et les populismes semblent avoir de beaux jours devant eux. Dans quelques mois, on comptera, peut-être, parmi les principaux dirigeants de la planète: Donald Trump aux Etats-Unis, Vladimir Poutine en Russie, Andrzej Duda-Kaczynski en Pologne, Viktor Orban en Hongrie, Norbert Hofer en Autriche, Marine Le Pen (ou Mélenchon ou Montebourg) en France. Beaucoup sont d'ailleurs, déjà, solidement en place et on vient, tout juste, d'échapper à Boris Johnson en Grande-Bretagne. Bref, on vivra, peut être, prochainement, dans un monde dans lequel on ne se reconnaîtra plus du tout !


En France, même si j'aime le sport, j'ai détesté la propagande d'abrutissement médiatique sur l'Euro 2016:  l'Euro devait réconcilier les Français avec eux-mêmes,  les rendre plus optimistes, leur redonner fierté et confiance.

C'est vrai que c'est ambigu: moi-même, j'ai été contente que la France batte l'Allemagne (parce que je ne pourrai jamais me réjouir d'une victoire de l'Allemagne), ça m'a fait plaisir, aussi, que la Russie ait été ridicule et j'ai, enfin, été désolée que l'Ukraine, la Pologne et la Belgique aient été, prématurément, éliminées. C'est bête mais j'ai, quand même, éprouvé ça !

Mais c'est sûr que si la France  n'a plus d'autre modèle unificateur à fournir que son équipe de football, on peut se dire que tout est foutu ! Donc Griezmann Président et tout le monde sera content !


L'inconcevable d'il y a 1 an, peut devenir, dans quelques mois, une sinistre réalité.


C'est assez curieux parce que l'émergence des nationalismes, c'est finalement très récent. Ça ne date que du début du 19 ème siècle. On ne s'en rend pas trop compte en France où l'Etat, la nation et le territoire se sont toujours plus ou moins confondus. Mais je considère, personnellement, que le démembrement de l'Autriche-Hongrie à la fin de la 1ère guerre mondiale a été un grand malheur: la fin d'un Etat multi-national et multi-culturel au sein du quel de nombreuses communautés arrivaient, malgré tout, à vivre ensemble.


On parle aujourd'hui, à la suite du Brexit, de refonder l'Europe. Il faudrait peut-être pour ça d'abord se débarrasser de cette idée obsolète et pernicieuse des nations.


Les nations, elles vivent dans la crispation, la nostalgie : la passion du passé, d'un ordre ancien et d'une prospérité mythique. Contre toute évidence, on a le sentiment d'un déclin et d'un appauvrissement et on rêve, notamment en France, d'un retour aux Trente Glorieuses. Mon principal sujet d'engueulade avec les Français, c'est quand je leur affirme qu'eux-mêmes vivent mieux que leurs parents et qu'ils ont, aussi, davantage de perspectives d'avenir. Mais l'Esprit des Lumières, c'est vraiment, partout, en régression !


Il est vrai toutefois que les institutions actuelles apparaissent dépassées par rapport aux évolutions technologiques et économiques. Et puis le clivage gauche/droite n'existe presque plus. D'où la revendication autoritaire et la pensée malthusienne.


Alors que faire ? "Nos pensées restent ancrées dans les divisions en Etats. Le concept selon lequel l'Etat est le plus important est dépassé: l'Allemagne, la Pologne, c'est fini. L'Europe, c'est la plus grande valeur" (Lech Walesa).


Tableaux de Giacomo BALLA (1871-1958) représentant éminent du futurisme italien. J'aime beaucoup le futurisme italien; mais il y a aussi son énigme: ses liens ambivalents avec le fascisme mussolinien.

Enfin, si vous allez au cinéma, je vous conseille, absolument, "Irréprochable" de Sébastien MARNIER. Très, très fort!

5 commentaires:

Richard a dit…

Bonjour Dame Carmilla

La liberté, ça peut être, bien sûr, de faire ce que l'on aime mais ça peut aussi être, de manière supérieure, de faire ce que l'on n'aime pas.
Carmilla


À ce chapitre la liberté, demeure une liberté de choix, après peu importe la voie, faire ce qu'on n'aime pas, c'est du courage morbide comme l'écrivait Boris Cyrulnik dans ces récits autobiographiques. Serons-nous confrontés à la douloureuse obligation de faire ce qu'on n'aime pas comme vous le dites ? J'ai retournée dans mon esprit cette phrase étrange que vous avez écrite en réaction et lorsque j'ai lu votre article d'hier, j'ai pensé que ce bout de phrase collait parfaitement à votre texte comme une suite naturelle.

Je vois, dans ce faire ce qu'on aime pas et d'une manière supérieure : la guerre. Vraiment, on ne va pas remettre cela ! Moi aussi je sens que ça glisse, que ça ne va pas, qu'il y a quelque chose qui cloche comme un souffle d'air froid dans le cou. J'en discute souvent avec mes amis, et inlassablement, ça revient sur le tapis, de partout nous parvient les bruits de fureur. Est-ce qu'on va être pris pour faire des choses qui nous répugnent pour affirmer nos libertés ? Voilà qui ne m'enchante guère. Pourtant, il m'arrive souvent de penser au travers de mes lectures et des mes discussions, que nous sommes à une époque charnière, qu'il va se passer quelque chose que nous n'avons jamais vu, ni vécu. Cela sera-t-il rebutant ou stimulant ? Nous n'en savons rien. Serons-nous encore une fois soumis à la résistance ? Et que sera notre route dans la grande aventure humaine ? Et comme l'écrit Cyrulnik, quel sera notre état de résilience ? Tout peut changer en peu de temps, et de nos tables débordantes, nous pourrions passer à la recherche de notre pitance dans le fond des poubelles. Naturellement, s'il reste des poubelles.

Terminé pour les nations, mais on les remplacent par quoi ?

Voilà la grande question !

Si votre jardin est en fleur vous pourriez nous faire quelques belles photos comme vous avez fait tôt ce printemps. Nous en serions rassérénés.

Merci pour votre lucidité.

Salutations

Richard St-Laurent

KOGAN a dit…

Bonjour CARMILLA

Vous avez oublié ERDOGAN dans votre triste liste noire, cet homme-là veut rétablir la peine de mort…

L’horreur poursuit joyeusement son chemin.

Dans ce monde où tout bascule, où la misère et la richesse se côtoient, où la guerre est à nos portes, comment rester stoïque en face de médias et de gouvernants qui nous instillent une forme de langage et d’interprétation des événements pour orienter notre pensée…

Mais la recette ne prend plus, générant inévitablement dégoût et haine pour certains,et de fait, un nationalisme aveugle.

Nous ne sommes plus maintenant très loin du point limite zéro.

Comment garder aussi le moral quand on nous abreuve à longueur de journée de catastrophes , de conflits sanglants et de génocides, sans compter tous ces « paradants », assoiffés de pouvoir, et prônant la « démocratie « dans une honnêteté politique disloquée.

J'ai eu la chance de connaître la période des trente glorieuses, époque beaucoup plus paisible que maintenant malgré la guerre froide EST-OUEST.

De nos jours nos assistons sans broncher à de vraies guerres bien brûlantes, un peu partout dans le monde semant leurs cortèges de pauvres diables survivants malheureux et déracinés.

Dans les années 70 , pour ma part, la peur du lendemain était pratiquement inexistante , et la politique ne générait pas autant de scandales, de petits arrangements entre amis de corruption et d’incapacité à réagir qu’aujourd’hui…

Dans ce début de pitoyable XXI eme siècle, la vertu est devenue un vice et le vice un honneur.

VOLTAIRE et ROUSSEAU dans leur PANTHEON vont-ils nous laisser dans les ténèbres, eux qui étaient ennemis mais qui ont si bien œuvré pour les lumières chacun à leur idée?

Seuls, « les grands » de ce monde pourraient intervenir , mais le veulent-ils ?

Le pouvoir, le pouvoir…abreuve leur égo.

Nous vivons une époque formidable.

Bien à vous.

Jeff

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Richard,

Je ne pensais vraiment pas à la guerre. Je ne suis pas du tout belliciste et même antimilitariste. Je pensais au simple dépassement de ses inclinations personnelles. C'est aussi une affirmation forte de sa liberté. A ce titre, le commandement chrétien d'aimer son prochain comme soi-même m'apparaît constituer un absolu. C'est vraiment faire ce dont l'homme n'a pas du tout envie.

Quant à mon jardin, je vais voir. La difficulté, c'est que je ne souhaite pas exhiber mon domicile parisien. L'anonymat, ça garantit aussi votre liberté.

Bien à vous

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Jeff,

Mais désolée, je ne partage pas complètement votre point de vue.

Je ne crois vraiment pas que les choses aillent de mal en pis.

C'est une idée vraiment très répandue aujourd'hui, particulièrement en France: c'était mieux avant et les "djeuns" vivront moins bien que leurs parents. Je n'ai bien sûr pas connu les années 70 et les Trente Glorieuses mais il me semble que ça n'était pas si bien que ça. La France était beaucoup plus pauvre même si sa richesse relative était supérieure à celle de la plupart des pays européens. Il suffit de se reporter à la littérature économique: le logement, le téléphone, les voyages, les biens de consommation, c'était vraiment médiocre ou inaccessible. Sans parler de l'espérance de vie, sensiblement moins élevée et du niveau d'éducation.

C'est un de mes sujets principaux de dispute avec les Français mais je suis convaincue qu'il y a de grands progrès depuis près de 40 ans. La vie est beaucoup plus facile aujourd'hui et les gens sont également plus tolérants et plus ouverts.

Quant aux inégalités et aux tensions politiques, elles ont aussi diminué.

Malgré tout, les Lumières continuent d'être le moteur de l'histoire et je suis convaincue que les générations à venir vivront encore mieux que nous. Je déteste donc les jérémiades et les lamentations actuelles.

Bien à vous

Carmilla

KOGAN a dit…

Bonjour CARMILLA

Je ne sais pas si les nouvelles générations vivront mieux, ce sera peut-être possible avec les futurs et ultra-sophistiqués téléphones portables…(humour)

Par chance d'un marché du travail florissant et par volonté, je ne faisais pas partie des pauvres pendant les 30 glorieuses (défavorisés doit-on dire aujourd’hui ou bien loterie) car comme technicien spécialisé je gagnais plus qu’un directeur de banque à cette époque …mais je constate par comparaison avec les décennies passées et malgré le progrès, que nous avons perdu un certain équilibre spirituel et que nos valeurs ont été renversées …les «Valeurs » dont on nous rebat les méninges en ce moment , ont bien du mal à être appliquées…

Les valeurs établies depuis longtemps par nos ancêtres ont été ridiculisées et nous continuons toujours de les appeler « les Lumières ».

Alors espérons et prions, et que chacun trouve son bonheur, mais le bonheur n’est-il pas de désirer et d’apprécier ce que l’on a déjà ?.

Bien à vous
Jeff