samedi 28 mai 2016

EROTYKA


Mes propos sur l'affaire Baupin m'ont valu une belle volée de bois vert de la part de certaines lectrices assidues.


Si j'ai choqué, je m'en excuse auprès d'elles mais je ne retire rien à ce que j'ai écrit.

Je suis peut-être libidineuse mais il faut, aussi, savoir affirmer ce qu'est le plaisir de la séduction même si c'est, souvent, trivial. Les bonnes sœurs,  j'ai ça en haine !


Et d'ailleurs, on n'est pas des saintes, on n'a jamais un rapport neutre, distancé, avec le monde. On est, sans cesse, assaillies d'idées retorses qui nous torturent, nous dévorent, même si elles nous font honte. La vie n'est  pas saine, elle est vénéneuse, parsemée de fleurs du Mal. Moi, je le reconnais, je suis, comme tout le monde, un peu perverse. D'ailleurs, comme ça, j'aime bien :

- me triturer la peau sur les os pour bien me sentir mince, légère; éprouver le plaisir d'être une grande perche de, seulement, 55 kgs.

- monter et descendre les escaliers du métro parisien, sachant qu'on mate mes jambes et au-dessus;

- sortir d'une voiture de sport ultra-basse;

- aller à la piscine des Halles-Châtelet en sachant que, par en-dessous, tout au fond, des types me regardent nager;


- porter des jeans hyper-serrés ou, alors, un string trop petit;

- sentir, avec honte et plaisir, que je fuis: que je saigne, que je mouille, que je transpire;

- essayer des chaussures, dans un magasin, en guettant le regard du jeune garçon qui plonge sous ma jupe;


- déambuler, presque comme si j'étais ivre, avec des escarpins démesurés;

- faire cliqueter mes bracelets; observer le balancement de mes immenses boucles d'oreilles;

- entrer dans un café en me sentant déshabillée par presque tout le monde; mais déshabiller, moi aussi, des types, des filles;


- faire crisser mes collants ou mes bas; arborer des porte-jarretelles qui se débinent sans cesse;

- exhiber mes beaux soutifs sous un chemisier transparent;

- sortir dans Paris seulement vêtue d'un imperméable, sans rien dessous; me dire que je pourrais, tout à coup, ouvrir mon imperméable;

- faire pipi dans un parking souterrain en me sachant observée par la vidéo-surveillance;

- m'enivrer de mes parfums (Mitsouko, Poison), bouffer la pâte de mon maquillage;

- sentir, sur moi, le regard d'une autre femme réprobatrice, jalouse;


- me tirer, tripoter, sans cesse les cheveux; des cheveux que je lave, absolument, tous les jours (je trouve les Françaises très négligentes là-dessus) pour pouvoir, toujours, respirer leur fraîcheur;

- m'épiler, me raser, avec application. Hormis la chevelure, j'ai les poils en horreur. Les buissons malodorants, c'est affreux! Etre marmoréenne, c'est ce que j'aime.

- aller au cinéma en me demandant si quelqu'un osera m'effleurer;

- aller dans une boîte hyper-glauque (disons à Kosice en Slovaquie) en espérant que j'y ferai de mauvaises rencontres; des types qui me soûleront et au-delà. Et ce sera, peut-être, ma rédemption !


Images d'ALYZ, la grande photographe parisienne.

Ça fait par ailleurs longtemps que je ne vous ai pas parlé cinéma. Alors, je vous recommande aujourd'hui deux films:

- "Le bois dont les rêves sont faits" de Claire Simon
- "Elle" de Paul Verhoeven (fort et troublant).

Le reste (Almodovar, Allen, Inarritu), ça ne m'a pas plus accrochée que ça !

samedi 21 mai 2016

Lectures d'Equinoxe


Quelques livres avant l'Eté, surtout des récits de dépaysement, voyages:


- Barbara COUDENHOVE-KALERGI: "Le monde pour patrie - Entre l'Est et l'Ouest". Un destin hors du commun ! L'auteur, aujourd'hui journaliste allemande reconnue, est née à Prague avant la guerre. Elle appartenait à un monde aujourd'hui disparu: celui de l'aristocratie allemande de Bohême. En outre, sa grand-mère était Japonaise, l'une des toutes premières Japonaises à avoir épousé un étranger. Ce livre parle d'abord très bien du monde d'avant-guerre et des relations complexes entre Allemands et Tchèques. Il évoque aussi, avec une grande honnêteté, la façon dont les Allemands ont perçu l'avènement du nazisme: en le banalisant complètement. Après avoir été chassée de Prague et échappé au massacre, Barbara COUDENHOVE-KALERGI s'est retrouvée en Autriche. Elle le souligne, l'attitude générale des Autrichiens a été de ne jamais parler, de ne jamais évoquer le passé nazi. C'est peut-être pour ça que l'extrême-droite est aujourd'hui si puissante en Autriche.


- Tania CRASNIANSKI: "Enfants de nazis". Un livre qui conduit à s'interroger sur la psychologie humaine et, surtout, sur sa capacité au dédoublement. Les enfants de Himmler, Göring, Hess, Frank, Bormann, Höss, Speer et Mengele. Leurs parents tout-puissants étaient, généralement, affectueux et les adoraient. Ce livre retrace le quotidien des dignitaires nazis accomplissant, chaque jour, leur travail de mort avant de retrouver une vie familiale douillette. Il dépeint aussi la vie de leurs enfants devenus adultes: la honte, le déni, la misère mais, quelquefois aussi, une admiration persistante. Fascinant et troublant !


- Nancy HUSTON: "Carnets de l'Incarnation". Je suis une grande fan de Nancy Huston, un vrai modèle pour moi. En toute honnêteté, j'aime moins ses romans, aux quels je n'accroche pas toujours, que ses essais, toujours limpides et percutants. Il s'agit ici d'un recueil d'articles publiés au cours de ces 10 dernières années. Un essai à la fois littéraire (Anaïs Nin, Nelly Arcan, Kate Chopin) et militant. Ce qui me sidère, c'est qu'on présente maintenant, parfois, Nancy Huston comme un penseur réactionnaire en raison, notamment, de ses positions sur la théorie du "genre". Au secours ! Où va-t-on ? Qui sont les réactionnaires ? Vive la différence des sexes !


- Lydia FLEM: "Je me souviens de l'imperméable rouge que je portais l'été de mes vingt ans". La course aux apparences, le rapport des femmes au vêtement: amante, séductrice, militante, on joue avec les codes, les convenances, les images, celles du cinéma, de la mode, de la littérature. On s'expose et se protège. Un petit livre magnifique traversé d'images fulgurantes.



- Jean-Jacques MARIE: "La Russie sous Poutine". Un livre très juste qui s'écarte des analyses traditionnelles, maintes fois ressassées: un pays arrogant, ultra-nationaliste et impérialiste. C'est plutôt l'envers du décor: "un régime fragile au bord de l'implosion, un président dont le cercle rapproché ne pense qu'à placer sa fortune sur des comptes offshore", une économie en déliquescence. "La Russie d'aujourd'hui est bien plus ancrée dans le passé et Poutine bien plus héritier d'Eltsine et Gorbatchev qu'il n'y paraît".





- TITAYNA: "Une femme chez les chasseurs de têtes". Une extraordinaire découverte ! Tytaïna, c'est la sœur aînée du grand économiste français, Alfred Sauvy. Elle est tombée dans l'oubli pour soupçons de collaboration. Elle a pourtant été l'une des rares femmes accédant au statut de grand reporter dans les années 20-30. Et pourtant! Une vie et des reportages ahurissants ! Chez les chasseurs de têtes, à Bornéo, aux Etats-Unis durant la période de la prohibition. J'ai, personnellement, été particulièrement impressionnée par le récit de la caravane des morts en Iran. Et surtout une écriture magnifique, moderne !



-Tristan SAVIN: "Les trous du cul du monde". Hilarant et cruel. Un livre qui évoque irrésistiblement l'anthropologue et voyageur britannique, Nigel Barley. Voyager, c'est tout sauf une partie de plaisir. Il y a dans le monde plein de lieux sordides et hostiles où on cesse vite de rigoler. Un bouquin désopilant rassemblant trente histoires qui nous change de tous les prêchis-prêchas habituels et qui évoque tout un pan oublié de l'humanité: zombies, espions, mères maquerelle, racketteurs...


- Agathe PARMENTIER: "Pourquoi Tokyo ?"  Le récit d'une jeune femme (30 ans) partie à l'aventure au Japon et décidée à y vivre seule en ne comptant que sur ses propres moyens. La force de l'auteur, c'est qu'elle ne se prétend pas une spécialiste du Japon. Elle revendique même son ignorance et c'est tout juste si elle arrive à échanger quelques mots de la vie courante. Sa préoccupation, c'est simplement de se débrouiller et de survivre économiquement dans ce pays. Et elle y arrive très bien, de petits boulots en rencontres fortuites....Contrairement à ce qu'on imagine, on peut vivre avec 3 francs, six sous et même moins que ça  au Japon. J'ai trouvé ça très juste, très drôle, très intéressant et ça recoupe beaucoup de mes propres expériences. J'en ai tellement marre des discours ultra-érudits sur le Japon qui ne nous apportent, finalement, pas grand chose.

- Bernard OLLIVIER: "Longue marche- suite et fin". Il manquait une étape à la route de la soie de Bernard Ollivier, celle allant de la France (Lyon en l'occurence) à Istanboul. Bernard Ollivier, c'est évidemment très loin de Tristan Savin et Agathe Parmentier mais ça se lit, quand même, avec plaisir. On retrouve l'esprit des trois premiers tomes mais c'est, quand même, un peu léger sur plusieurs pays (Bulgarie, Macédoine, Montenegro) et c'est surtout pollué par les humeurs sentimentales, lénifiantes voire ridicules, de l'auteur.

Tableaux de Katarzyna KARPOWICZ, jeune artiste polonaise née, en 1985, à Cracovie. Son oeuvre, déroutante, est déjà vaste et je n'ai retenu, ici, qu'une thématique: celle de notre rapport aux animaux. Je vous invite à consulter son site. Personnellement, ça me bouleverse; c'est bien sûr hyper-sexuel et peut-être de manière trop évidente.

samedi 14 mai 2016

"Un monde sans sexes et sans sexe"


On s'attache à nous faire vivre dans une trouille, une frousse permanentes, surtout quand on est une femme. On vivrait, ainsi, dans un monde hyper-angoissant, peuplé de harceleurs, de violeurs, de pervers narcissiques omniprésents face aux quels on ne serait, évidemment, que de pauvres petites créatures sans défense. Le pire, c'est qu'on est éminemment disposées à épouser ces galéjades et puis on aime bien être des victimes, ça donne plein de droits, le droit à la méchanceté et à la crapulerie notamment.


Le féminisme victimaire, celui de la haine de l'autre et des hommes en particulier, a, comme ça, de beaux jours devant lui. J'en veux pour preuve la lamentable et terrifiante affaire de cette semaine, l'affaire Baupin. Même dans la presse polonaise, on en a parlé!

D'abord, elles m'ont fait hurler de rire ces grandes filles, ces grandes godiches, exerçant, tout de même, certaines responsabilités politiques sur des postes souvent obtenus, il ne faut pas l'oublier, par copinage, complaisance. Elles osaient se déclarer, en toute candeur, définitivement traumatisées parce qu'on leur avait fait une remarque sur leur robe, tenu des propos graveleux ou essayé de les caresser. Pendant 3 ans, elles n'ont pas osé parler (date limite de la prescription judiciaire, il faut le préciser), tellement elles étaient sidérées, tétanisées.

Le comble du ridicule, c'est quand j'ai entendu le témoignage d'une ancienne ministre de Giscard d'Estaing (elle s'appelait Pelletier, je crois): en 1979, un sénateur avait essayé de l'embrasser. 35 ans plus tard, elle ne s'en était toujours pas remise. Quelle horreur en effet ! 


Qu'est-ce que c'est que ces oies blanches, ces vierges effarouchées ? 
D'où elles viennent, ces bonnes sœurs ? On vit à Paris ou à Ryad-sur-Seine ? 
La France, pays du libertinage ? 

J'ai, d'abord, vraiment, rigolé. Mais rapidement, elles m'ont terrifiée, ces crétines. Je les croyais simplement bêtes mais j'ai vite compris qu'elles étaient, surtout, méchantes. Elles ont d'abord recueilli des centaines de signatures éminentes, créé un site Internet, réclamé que la prescription pour harcèlement soit portée à 10 ans (au lieu de 3 aujourd'hui), rappelé que la peine encourue était de 2 ans de prison (rien que ça) et surtout exigé que la parole se libère, que toutes les femmes s'expriment (parce que toutes les femmes sont potentiellement victimes).  


Il faudrait, absolument, adhérer au Parti de la Vertu et pour cela, mettre fin à l'omerta, la conspiration du silence, choisir la transparence absolue. Il faudrait raconter tous nos traumatismes, dénoncer tous nos agresseurs. Oh la, la ! Si je me base sur ma seule expérience, ça risque d'être terrible. Ce sont des milliers de types qui peuvent être inquiets. Des milliers qui, en 10 ans, m'ont sifflée, draguée, pelotée, baisée. Ils vont savoir ce qu'est la vengeance d'une femme. Et ils s'en tireront à bon compte parce qu'il y a bien plus garce que moi.

Diable ! D'abord, ça me gêne beaucoup, quand on se prétend démocrates,  qu'on évacue, d'un coup, tout le système judiciaire. L'Etat de Droit, c'est vraiment encombrant, en effet. A quoi ça sert toutes ces procédures longues et compliquées ? Prenons, plutôt, exemple sur la justice islamique, c'est beaucoup plus rapide. C'est tout de même plus simple de s'adresser à France-Inter et Médiapart, les supports de la bien-pensance. Les résultats sont immédiats et garantis. 


La présomption d'innocence, ça n'a pas de sens pour un type qui est, de toute manière, un "gros dégueulasse". Pas besoin de preuves. Se défendre, donner son point de vue, il ne peut pas en avoir le droit, il est forcément coupable. Et puis, il est laid, aussi laid que le ministre Sapin qui aimerait faire claquer l'élastique de la culotte de journalistes (j'ai trouvé délicieusement érotique ce témoignage outré).

Comme ça, on peut déclencher, en toute impunité, un lynchage médiatique. On s'en fout de briser sa famille, sa vie professionnelle. Baupin, je ne le connaissais pas et je ne veux pas le connaître. Un écolo, d'ailleurs, ça ne m'inspire pas du tout mais ça me révulse qu'on puisse virer quelqu'un sur le seul fondement d'accusations portées par des médias qui jouent le rôle de police des mœurs.


Au secours ! SADE reviens ! Qu'il existe des beaufs, des gras, des lourds, des connards, des frôleurs, des peloteurs, des crétins qui abusent de leur pouvoir, tout le monde sait ça, c'est la vie ! Mais c'est à nous de composer avec ça! Ce qui est nouveau, c'est qu'on veut traîner tous ces gens là, souvent des pauvres types, devant des tribunaux et qu'on veut les punir férocement. Il paraît qu'on vit dans des sociétés de permissivité sexuelle: quelle blague !


Oserais-je le dire? Qu'on me drague, j'aime bien ça ! Même si ça se produit 10 fois par jour ! Ça me soûle un peu, bien sûr, parce que se débarrasser des importuns, ça prend, souvent, beaucoup de temps. Mais que serait un monde où plus personne ne viendrait m'embêter, me dire que je suis belle ? "Un monde sans sexes et sans sexe", comme le dit justement Elisabeth Levy.


Il y a un trouble profond, inavouable, pour une femme, à s'exhiber, à être vue, déshabillée, en public.Capter l'attention, c'est un triomphe! C'est comme ça, par exemple, que ma copine Daria et moi, on adore se promener, le samedi, dans Paris, habillées de manière extravagante. Bien sûr qu'on est, mille fois, sollicitées, harcelées. On en mouille nos culottes mais ça ne nous gêne pas, on serait malheureuses si ce n'était pas le cas et il ne nous viendrait jamais à l'idée de porter plainte contre les harceleurs. On les aime bien en fait !


Tableaux de Jeanne MAMMEN (1890-1976), peintre allemande (de Berlin) qui a connu une certaine célébrité avant l'avènement du nazisme puis est tombée, totalement, dans l'oubli. C'est peut-être dommage !

samedi 7 mai 2016

Désaddiction


Je me rends compte qu'avec le temps, je me suis, peu à peu, libérée de toute addiction. C'est, peut-être, l'accession à l'âge adulte. Plus jeune, pourtant, j'ai, à peu près, tout essayé: les médicaments (somnifères, stimulants), l'alcool, la drogue, l'alimentation, la frénésie sexuelle et, aussi, le sport. Il n'y a qu'au tabac que j'ai échappé. J'étais carrément dingue. Curieusement, quand on est addict, on a, souvent, un sentiment de toute puissance. Qui pouvait être plus mince que moi, qui pouvait courir plus vite que moi ? J'étais invincible. Invincible et indifférente. Quel type, quelle fille a, vraiment, compté pour moi ?


Aujourd'hui, je pense être plus sereine. Je suis plus détachée, je doute beaucoup moins de moi-même (mais je suis, également, devenue arrogante). J'ai quand même, toujours, des obsessions alimentaires (rien que du poisson) et je suis toujours aussi mince. Le sport, je demeure fanatique. Et puis, mes nuits sont toujours peuplées de fantasmes noirs, de violence, d'orgie, d'humiliation. Les rêves et les cauchemars me dévorent. Enfin,  je suis toujours indifférente à mes partenaires amoureux, sexuels.


Pourquoi est-on addict ? On a besoin d'une béquille qui nous aide à combler ce qui fait l'un des moteurs de notre vie: le manque. Manque d''amour, d'identité. On passe tous par ça: l'insuffisance, c'est notre condition première, notre angoisse essentielle. On n'arrive pas à trouver son bouclage narcissique. Je voudrais toujours être absolument belle, absolument aimée. C'est  pour oublier ça, cet idéal impossible, que je bois 4 ou 5 bouteilles de bière le samedi et que je couche avec à peu près n'importe qui.


Mais vivre sans aucune addiction, ça n'est pas, non plus, possible. On a tous des petites manies, des petites obsessions, des petites dépendances. D'ailleurs, ça vous structure, vous organise. Renoncer à une addiction, ça peut être encore pire, ça peut être mortel.

Affiches de l'entre-deux guerres: tchèque, française, allemandes. A l'attention des non-germanophones, la   3ème affiche a pour titre: "les hyènes de la luxure".

dimanche 1 mai 2016

Anniversaire


Aujourd'hui, c'est un jour spécial pour moi, c'est mon anniversaire ! J'ai toujours été un peu fière, bêtement, d'être née un 1er Mai.

Parce que je me suis toujours considérée comme une révolutionnaire. Parce que je me suis toujours sentie anarchiste, à ma manière. Parce que j'ai toujours détesté l'ordre, la sécurité.

Le 1er Mai, c'est fort ! C'est très évocateur, même si c'était une journée haïe dans les anciens pays communistes. La préoccupation première, c'était alors, me disait-on, d'échapper à ces célébrations kitsch et ridicules.


Un anniversaire, c'est un point de basculement entre le passé et l'avenir. Pour moi, mon passé, c'est mon histoire russo-soviétique, iranienne, française...Mon avenir, quand il m'arrive d'y penser, ce sont mes fantasmes, vite effacés, de revenir vivre en Ukraine, à Lviv. Mais qu'y faire, de quoi vivre ?


D'ailleurs, est-ce que ça a un sens de ruminer là-dessus ? Le temps passé est-il porteur de leçons ? Est-ce qu'on est toujours les mêmes et appelés à le demeurer ? 

Je ne le crois pas du tout, je suis bien différente de celle que j'ai pu être et que je serai. Notre identité est changeante, évolutive, façonnée par notre histoire personnelle, nos rencontres, nos apprentissages.

Surtout, on n'est pas taillés d'un bloc, il y a chez nous une essentielle duplicité. On est mi-anges, mi-démons, capables du meilleur comme du pire, selon les hasards et circonstances. Rien de glorieux, on n'est pas des héros.


Enfin, un anniversaire nous confronte à la perspective de notre propre mort. Je considère encore ça comme une échéance abstraite et lointaine. Malgré tout, la mort, c'est bien ce qui nous pousse à agir, à nous remuer.


Le grand fantasme, aujourd'hui, c'est, en effet, celui de l'immortalité. On pense y parvenir dans quelques décennies. Mais a-t-on mesuré les conséquences d'une disparition de la mort de notre horizon ? La conscience du temps qui passe, c'est tout de même bien ce qui nous conduit à nous projeter dans le futur, à avoir des projets, à élaborer des œuvres d'art, à communiquer, à nous aimer, à nous haïr.


Tableaux (à l'exception du premier, de libre inspiration) de Kasimir Malevitch (1878-1935). J'aime beaucoup Malevitch dont on ne retient souvent que le fameux "carré blanc sur fond blanc". Son oeuvre est, en fait, très diverse et variée et a beaucoup évolué.