vendredi 25 décembre 2015

8 ans


Carmilla vient d'avoir 8 ans. Chaque anniversaire m'étonne un peu plus. Comment ai-je pu empiler tous ces posts, à une fréquence presque inexorable, sans que je vive cela comme une contrainte ou une charge ? Mais je me rends compte, aussi, que tout ça, dans sa globalité, est devenu indigeste, illisible, ennuyeux à périr.


Tenir un blog, c'est, évidemment, grotesque et prétentieux mais je l'ai déjà, mille fois, expliqué: mon blog, c'est, pour moi, une respiration, l'exercice d'un peu de créativité qui me permet d'échapper à un quotidien trop formaté.


Et puis, c'est une expérience instructive. Ça vous apprend d'abord la modestie. C'est devenu vraiment très difficile de conquérir quelques lecteurs réguliers sur un blog, avec les concurrences de Facebook, Twitter et Instagram beaucoup plus modernes et adaptés aux exigences actuelles d'immédiateté, d'impulsion. Un blog, c'est beaucoup plus lent, ça se déploie, davantage, dans la durée mais il ne suffit plus, non plus, d'aligner, de temps en temps, quelques idées reçues. Si vous pensiez avoir un petit génie littéraire ou artistique, vous déchantez vite. Ça vous renvoie, immédiatement, dans vos 22 ! Il faut, vraiment, se secouer les puces pour offrir à ses lecteurs quelque chose de potable. Mais c'est comme ça, aussi, que l'on exprime la considération qu'on leur porte. Personnellement, j'ai eu énormément de mal, il m'a fallu vraiment beaucoup de temps, plusieurs années même, avant de trouver un style propre et de susciter un petit peu d'intérêt. 



Mais la grande récompense d'un blog, ce sont, bien sûr, les échanges qui peuvent s'établir avec les lecteurs. On découvre des gens que l'on n'aurait jamais eu l'occasion de rencontrer dans sa vie personnelle et professionnelle. J'ai la chance, comme ça, de recevoir régulièrement, de votre part, des petits courriers presque tous bienveillants. 

Le plus beau compliment, c'est Virginie qui me l'a fait: "Y'en a qui vont à la messe le dimanche matin, moi je lis Carmilla." 

Ma seule réserve, c'est que je pense que l'on peut faire les deux: aller à la messe et lire Carmilla. Ça n'est pas, complètement, contradictoire.


Vous êtes, ainsi, d'après mes évaluations, une petite cinquantaine à me lire régulièrement, chaque semaine. C'est peu et c'est énorme. Ça me stresse et m'effraie à la fois  mais j'ai choisi, justement, de ne pas penser à vous. Je ne veux pas écrire par rapport à vous, je ne veux pas chercher à plaire même si c'est l'inclinaison naturelle. Vous êtes majoritairement étudiants (lettres, philo) et jeunes femmes, mais pas seulement. C'est "l'ambiance" particulière de mon blog qui semble plaire, troubler. Mais j'irrite aussi. Mes lecteurs-hommes sont, visiblement, beaucoup plus critiques que les femmes. Carmilla, c'est évidemment l'antagonisme des sexes mais je crois qu'il faut faire la part de mon goût pour la provocation. Mais tout cela, aussi, n'a pas grande importance et tout doit demeure léger. J'aime les hommes comme les femmes.


Quoi qu'il en soit, je vous remercie de toutes vos marques d'attention, affection, sympathie, et sachez que je vous aime, tous, vous aussi, d'un bel amour vampirique Je vous aime et vous embrasse jusqu'au fond de vos tréfonds, à vous faire hurler de douleur, de joie et d'horreur. Puisse ce baiser vénéneux vous rendre, vous aussi, immortels.


Carmilla continuera-t-elle de se manifester en 2016 ? Sa disparition n'est pas programmée mais j'ai bien conscience, également, de devenir ennuyeuse/radoteuse. En plus, il semble qu'on me lise, maintenant, davantage en Russie/Ukraine qu'en France. Je réfléchis donc à des évolutions mais ce n'est pas facile. J'envisage quelquefois un virage radical: carrément dans une autre langue ou, alors, carrément érotique,  mais mes tentatives, en ces domaines, sont nulles. Ça ne va pas ! Changer, c'est très compliqué.



Photos de Carmilla Le Golem postées, ce jour de Noël, depuis Milan.

Pour cet anniversaire, j'ai regroupé des photos personnelles déjà publiées, pour la plupart. Des photos peut-être pas extraordinaires mais qui m'expriment et qui expriment Carmilla.  Elles ont été réalisées au cimetière de Passy ou, alors, dans mon proche environnement, tout près de chez moi, dans le 17 ème arrondissement.

samedi 19 décembre 2015

De la Haine


C'est un discours presque habituel. La radicalisation terroriste, on lui trouve des explications, des excuses, des "causes profondes". C'est la misère, le capitalisme etc..., et finalement, peut-être, nous-mêmes. On contextualise, on sociologise, c'est en cela qu'on se croit modernes. Mais cette démarche nous empêche peut-être d'appréhender la haine terroriste elle-même, cette rage meurtrière, ce principe destructeur, dans lesquels les Anciens voyaient un trait constant de la nature humaine. Sur ce sujet, je reproduis ci-dessous des extraits d'un article de l'écrivain et essayiste américain Paul Berman: "Il n'y a pas de causes sociales au djihadisme". Ça va à l'encontre de toutes nos idées reçues.



"On nous explique que la cause profonde du djihad islamiste est l'invasion et l'occupation militaire de puissances étrangères, comme en Tchétchénie et en Palestine, alors même qu'à Rakka et ailleurs qu'en Syrie, ce sont les djihadistes eux-mêmes qui représentent des occupants étrangers. On nous dit que le chaos qui suivit le renversement des dictateurs ayant sévi pendant des décennies est à l'origine des mouvements terroristes, comme en Lybie, alors que, dans le cas des terroristes marocains, c'est la frustration suscitée par l'impossibilité de renverser la monarchie qui est en cause. On nous explique que c'est le despotisme du général Sissi qui a a entraîné l'explosion du terrorisme en Egypte mais que c'est la fin du despotisme de Ben Ali qui en est la cause en Tunisie. On nous dit que le sionisme est la cause du terrorisme islamiste partout dans le monde, mais, en Syrie, les leaders mondiaux de l'antisionisme nous ont fait comprendre que, au final, ils préféraient se massacrer entre eux.

Avant 2011, on considérait que la présence américaine en Irak était à l'origine du terrorisme qui sévissait dans une partie du monde; après 2011, c'est le retrait américain qui en est devenu responsable. Les inégalités économiques expliquent tout...comme les contrariétés de la vie dans les républiques égalitaires scandinaves. Le chômage explique tout ? Pourtant des terroristes surgissent au Royaume-Uni, où le taux de chômage est remarquablement bas. Le manque d'éducation explique tout ? Pourtant l'Etat islamique est dirigé par un homme diplômé en sciences islamiques, qui est à la tête du réseau de propagande sur Internet et sur les médias sociaux le plus sophistiqué du monde.


On nous dit que l'islamophobie est la cause du terrorisme islamiste - alors que l'immense majorité des terroristes islamistes viennent de pays musulmans où l'islamophobie n'est vraiment pas le problème. Ailleurs dans le monde, en France, par exemple, c'est l'exigence intolérante faite aux immigrés de se conformer à la culture française qui aurait fait naître le terrorisme islamiste; au Royaume - Uni, ce serait au contraire le refus multiculturaliste d'exiger d'eux une adaptation. Les causes profondes du terrorisme islamiste se révèlent, au bout du compte, aussi nombreuses que les divinités antiques et aussi contradictoires et fantasques qu'elles. Il se pourrait que ce soit la doctrine des causes profondes elle-même, telle qu'elle se trouve développée en sciences sociales qui échoue totalement à cerner les causes du terrorisme.


La doctrine des causes profondes est profondément erronée. Elle encourage à prêter attention à tout sauf aux intensités émotionnelles et aux nuances de la rage terroriste elle-même, c'est à dire à l'idéologie islamiste et à ses modes d'expression. La rage terroriste repose sur la haine et la haine est une émotion qui est aussi un discours. Pour comprendre le discours, il faut disposer de ce que l'on pourrait appeler une "poétique".


Or, la doctrine des causes profondes est antipoétique. Elle nous empêche de comprendre ceux-là mêmes qui veulent nous tuer. Pire: la doctrine des causes profondes nous induit à penser que la rage insensée, étant le résultat prévisible d'une cause, ne saurait être vraiment insensée. Pire: la doctrine des causes profondes nous conduit au soupçon que nous pourrions nous-mêmes en être la cause. Après les attentats du 11 septembre 2001, de nombreuses personnes ont considéré que l'Amérique avait eu ce qu'elle méritait. Il y a dix mois en France, on entendait que les caricaturistes de Charlie Hebdo l'avaient bien cherché. Et on commence déjà à entendre la même rengaine à propos des supporteurs du Stade de France, des gens venus dîner au restaurant ou écouter du rock. De cette manière, la doctrine des causes profondes, qui promeut une certaine forme d'aveuglement, nous enlève jusqu'à l'envie de résister."

En exergue, une affiche russe. Bez dna, ça veut dire "sans fond" en russe comme en polonais.

samedi 12 décembre 2015

Noël littéraire



Bientôt les fêtes ! Alors, je choisis, aujourd'hui, de vous prodiguer quelques conseils de cadeaux littéraires. C'est sans prétention, injonction, c'est simplement ce qui m'a alimentée ces dernières semaines. La dernière fois, je vous avais dit tout le bien que je pensais de "La petite femelle" de Philippe Jaenada et de "Boussole" de Mathias Enard. J'ajoute aujourd'hui:

- Eirikur ÖRN NORDDAHL: "ILLSKA, Le Mal". Un livre d'une singularité totale. Son auteur, d'abord, est Islandais. Les Islandais, ce sont les plus grands lecteurs au monde (avec les Finnois) et ils produisent, même s'ils sont très peu nombreux (300 000 habitants), une littérature incomparable. C'est pour ça que je suis allée, récemment, à Helsinki et que je crève, aujourd'hui, d'envie d'aller à Reykjavik. "ILLSKA" parle de l'Holocauste et d'amour, d'Islande et de Lituanie, d'Agnès qui aime Omar mais aussi, scandale incompréhensible, un néonazi, Arnor. "Illska" interroge l'amour, ses ambiguïtés, le fascisme et ses avatars contemporains. Un bouquin incroyable. Dans la foulée, j'ai entamé la lecture d'autres auteurs islandais, je vous en parlerai, probablement, prochainement, bientôt.


- Didier BLONDE: "Leïla Mahi, 1932" (Prix Interallié de l'Essai 2015). Aimez-vous Modiano ou "Nadja" d'André Breton ? Alors, ce livre vous enchantera. L'image obsédante d'une morte mystérieuse, très belle et séduisante, dont on essaie de partir à la recherche. Mais rechercher quelqu'un, c'est aussi entreprendre une réflexion sur soi-même, sur la façon dont on s'est progressivement construit.

- Agata TUSZYNSKA: "La fiancée de Bruno Schulz". Bruno Schulz, peintre (j'ai posté beaucoup de ses œuvres et quelques photos personnelles) et écrivain de génie est l'un des représentants majeurs de la littérature polonaise d'avant guerre (aux côtés de Witkiewicz et Gombrowicz). Il a été assassiné, en 1942, dans sa ville de Drohobycz (aujourd'hui en Ukraine, un bled que je connais par cœur). Il était incroyablement tourmenté, torturé, mais j'ai appris, dans ce bouquin, qu'il avait eu une compagne et une muse. Un livre sur lequel tous les "Schulziens" (ils sont plus nombreux qu'on ne le pense et, notamment, en France) se précipiteront. Je précise, par ailleurs, que l'auteur, Agata Tuszynska, est l'un des grands noms de la littérature polonaise contemporaine.


- Romain SLOCOMBE: "Un été au Kansaï". Romain Slocombe est connu comme auteur de romans policiers (je recommande "Averse d'automne"). Il est passé par la BD, l'illustration, la photo. Son territoire de prédilection, c'est le Japon qu'il connaît à merveille. "Un été au Kansaï" s'arrête brutalement avec l'attaque atomique sur Hiroshima en 1945. C'est un échange épistolaire, étonnant, entre un diplomate allemand à Tokyo et sa sœur restée à Berlin. C'est admirablement documenté sur une période tragique, occultée: le Japon durant la guerre. Tous les amoureux du Japon doivent lire ce livre ainsi que tous les autres bouquins de Romain Slocombe.

- André MARKOWICZ: "Partages". André Markowicz est le grand traducteur de Dostoïevsky (aux éditions Actes Sud). Avant Markowicz, il faut bien le dire, les lecteurs français avaient une vision fausse de l'écrivain Dostoïevsky: une écriture classique, policée, proche de celle du roman français du 19 ème. Or, la véritable écriture de Dostoïevsky, en russe, est presque célinienne: très incorrecte, rédigée au fil de la pensée, sans préoccupation de beau style. Dans ce livre, composé de recueils d'articles, André Markowicz évoque le trouble du pluri-culturalisme, la difficulté et la richesse d'être traversé par plusieurs langues. Ceux qui sont bilingues, ou plus, comprendront.


- Christophe BOLTANSKI: "La cache" (Prix Femina 2015). Une prestigieuse famille. Christophe, journaliste, est le neveu de l'artiste (mondialement célèbre) et du linguiste et le fils du sociologue. Mais le livre ne coïncide pas du tout avec autant de gloire. C'est même, aussi, lamentable, minable, ridicule. Une extraordinaire galerie de portraits organisée autour d'un hôtel particulier de la rue de Grenelle. Des personnages déconcertants, comiques et tragiques (des clochards ou des êtres éthérés ?), dont le destin épouse celui de l'histoire.

- Agnès DESARTHE : "Ce cœur changeant" (Prix littéraire du Monde 2015). Un vrai roman d'aventures à la Alexandre Dumas. J'ai trouvé d'une tristesse poignante le destin de l'héroïne ballotée, au début du 20 ème siècle, entre le Danemark, l'Afrique, Paris. Une terrible cruauté. C'est aussi un roman philosophique (évoquant Spinoza) et un roman d'apprentissage au féminin.


- Alice ZENITER: "Juste avant l'oubli". J'avais beaucoup aimé le premier livre d'Alice Zeniter ("Sombre dimanche" qui parlait de la Hongrie). En regard, "Juste avant l'oubli" est un peu décevant mais c'est, tout de même, très curieux. Tout se passe sur une île perdue des Hébrides écossaises (ça m'a, tout de suite, donné l'envie d'aller là-bas) Est évoqué un écrivain fictif disparu brutalement qui s'immisce, néanmoins, dans la vie d'un couple. L'intrigue générale scrute la fin progressive d'un amour. Etrange, étrange...


- David GRAEBER: "Bureaucratie". David Graeber est, dit-on, un éminent économiste et anthropologue britannique. Il se présente lui-même, non sans vantardise, comme anarchiste. Son précédent bouquin ("Dette: 5 000 ans d'histoire") ne manquait, effectivement, pas de qualités. Le thème, aujourd'hui abordé, me passionne: l'effroyable bureaucratisation de nos sociétés qui en vient à modeler nos vies et nos mentalités. Il y a là, effectivement, une terrible oppression silencieuse. Malheureusement, Graeber, il est à peu près aussi subtil que Bourdieu ou Mélenchon. Il ne sait penser qu'à la hache. Raconter que la bureaucratie, c'est un instrument du capitalisme, financier notamment,  ça ne nous avance pas beaucoup et ça fait même presque rigoler. Graeber, Piketty, D'Orlean, même combat! Dommage! Peuvent mieux faire.


- Michel de M'UZAN: "L'inquiétude permanente". Les livres de psychanalyse, c'est souvent ennuyeux à périr: des textes purement théoriques, une écriture de plomb, ultra-codée. Le livre de Michel de M'UZAN  (qui a accompagné presque toute l'histoire de la psychanalyse en France) échappe à ce défaut. Il relate quelques histoires fascinantes: une jeune femme cancéreuse, un matador, l'étrangeté, le dédoublement, les états-limites. A lire, absolument, par tous ceux qui aiment la psychanalyse...

Tableaux de Sonia DELAUNAY (1885-1979), évidemment.

samedi 5 décembre 2015

Indépendance



Quand je me fais draguer au hasard (dans la rue, un cinéma, un café), je raconte, généralement, des bobards. Je dis que je suis une touriste russe de passage à Paris. C'est ultra-fastoche pour moi parce que je suis ultra-crédible (et même plus que ça). 

Ukrainienne, je n'ose pas trop revendiquer, c'est carrément la dégringolade, voire la honte. Ça évoque, vraiment trop, la Femen hystérique ou la fille prête à tout, et surtout à se prostituer, pour survivre. Polonaise non plus, c'est un peu miteux : c'est trop associé à la bigote ou aux corons du Nord.  

Russe, en revanche, ça semble faire, encore, un certain effet, presque classe. Une Russe, elle est sexy, friquée et fêtarde, croit-on. Elle est, en plus, sûrement moins chiante qu'une Française (mais ça, je pense que c'est, tout à fait, vrai).


Si je galéje, ce n'est pas tellement que je sois mythomane ou menteuse invétérée. C'est surtout pour me protéger. En m'inventant une identité, je peux disparaître plus facilement: c'est plus compliqué d'aller me chercher à Saint-Pétersbourg qu'à Paris. Les rencontres, les aventures, c'est, en effet, très bien; ça peut être très agréable, voire magique, durant quelques nuits, mais, après, il faut arriver à gérer. Le plus difficile, en effet, ce n'est  pas de débuter une histoire mais c'est d'y mettre fin. Se dépêtrer d'un type, c'est souvent toute une affaire. La liberté sexuelle, c'est relatif. On s'expose souvent à des ennuis post-coïtum effroyables. Après... on se fait, souvent, menacer, harceler et on se met, alors, à culpabiliser à mort au point qu'on décide de "prolonger" pour avoir, temporairement, la paix. Et on prolonge, quelquefois, indéfiniment.

Ça vous refroidit bigrement. Il faut bien le reconnaître: on n'est pas si évolués, tolérants, que ça. Partager une nuit, un moment d'intimité, avec humour, en adultes accomplis, on n'en a pas encore la capacité. On n'admet pas trop que l'autre, surtout une femme, soit changeant ou n'ait eu pour objectif que la recherche de l'éphémère et du plaisir. La conséquence logique d'un début de relation, il faudrait, absolument, que ce soit la sujétion.  


Le droit pour une fille de "balancer" un type quand elle le souhaite, ça n'est  pas encore entré en vigueur. C'est ce qui me bloque le plus dans mes relations avec les hommes et, aussi, les femmes. 

Toujours éviter, donc, de faire le pas de trop qui donnera à l'autre l'illusion qu'il a des droits sur vous. Me faire enfermer,  vivre sous emprise, me sentir obligée, c'est ma hantise. Même l'empathie, et surtout l'empathie, est dangereuse. J'aime trop ma solitude, ma sauvagerie. Je suis, à ma manière, d'une arrogance effroyable mais j'ai toujours l'impression, étrange, que ma "carte personnelle" ne coïncide pas avec celle des autres.


Etre seule, ça me plaît. Les rêves, ça ne se construit pas à deux. C'est toujours singulier et donc transgressif. Je suis continuellement hantée par mes crimes et mes débauches mais si on perd ça, si on'a plus de rêves à soi et pour soi seule, on est mortes. 

On ne se connaît jamais, on ne se comprend jamais, c'est ce que devraient reconnaître (mais c'est peut-être ça, justement, qui est intéressant) tous les couples qui se forment . D'ailleurs, toutes les tentatives de se trouver des points communs, de ne faire qu'un, d'aller de concert, ne sont que des tentatives d'assujettissement de l'un par l'autre.


La dysharmonie, c'est, peut-être, ce qu'il faut arriver à accepter, aimer, pour être moins malheureux.


Affiches Art Nouveau du début du 20 ème siècle choisies, bien sûr, en fonction de leur couleur (rouge) et de leur thème (Salomé).