dimanche 28 décembre 2014

La jeune fille et la mort



Une fin d'année, c'est toujours terriblement triste!

C'est le tintement du "nevermore" qui se fait plus insistant en nous; ce "nevermore" que croassait, dans une folle répétition, "le corbeau" du merveilleux poème d'Edgar Allan Poe.


Nous vivons chacun dans l'angoisse et la peur de la mort. Elle est aujourd'hui le scandale absolu dans un monde tout entier voué à la jeunesse et au bonheur. A mort, la mort! On veut la récurer, l'évacuer.



Et pourtant, la mort, c'est ce qui fait le sel de la vie. C'est ce qui nous fait avancer, nous conduit à avoir des projets, bref, nous arrache à nous-mêmes.


L'immortalité, comme le souligne André Masson, serait en effet sans doute d'un mortel ennui puisqu'en l'absence de préférence pour le présent, nous remettrions toujours au lendemain nos actions. On resterait clos sur soi-même, ce serait un monde statique, totalement immobile, un véritable enfer.

Alors oui! la mort, c'est bien ce qui nous fait carburer.


Images d'Adolf HERING, peintre allemand (1863-1932), originaire de Prusse-Orientale.Il est bien oublié aujourd'hui mais je trouve saisissant son tableau le plus célèbre "La jeune fille et la mort" dont je livre ici deux versions, en couleurs puis en noir et blanc.

"La jeune fille et la mort", c'est un thème pictural insistant avec de nombreux tableaux notamment d'Hans Baldung Grien, Edvard Munch, Egon Schiele.

C'est aussi, bien sûr, un lied de Franz Schubert et un film de Roman Polanski.

Je vous invite enfin, en cette fin d'année, à relire le poème d'Edgar Allan Poe, "The Raven", probablement l'un des plus beaux poèmes jamais écrits, avec notamment une traduction de Mallarmé.

6 commentaires:

HélHorn a dit…

. En ce qui me concerne, lorsqu'on approche du dernier jour de l'année, je me sens toujours pressée d'atteindre l'année suivante. C'est comme respirer une nouvelle fois à chaque fois, ça me ravi donc !

Anonyme a dit…

The raven ,voir le livre illustré par Mattotti avec des textes de Lou Reed .Superbe .
Mattotti ,illustrateur italien qui expose souvent ses originaux à Paris .Vive le 2 Janvier ! Lola

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour et bonne année à vous HélHorn !

C'est vrai qu'une nouvelle année, ça peut être un élargissement de ses perspectives avec plein d'expériences nouvelles.

Mais le champ des possibles, quel que soit notre âge, se réduit malgré tout inexorablement. Chaque année, une partie de ce que je pouvais autrefois espérer devient inenvisageable.

Carmilla

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour Lola et bonne année à vous !

Je ne connaissais pas Mattotti et son adaptation, avec Lou Reed, de "The Raven".

C'est en effet très beau.

Merci de me l'avoir fait découvrir.

Carmilla

nuages a dit…

Depuis quelques années, j'en viens à considérer que le passage d'une année à l'autre se réduit au passage du 31 décembre au 1er janvier, et rien de plus. C'est un non-événement. Après tout, si je ne me trompe, du temps des Romains, l'année commençait le 1er mars (et donc septembre, octobre, novembre et décembre étaient bien les septième, huitième, neuvième et dixième mois de l'année comme leurs noms l'indiquent). Et que dire du nouvel an chinois, népalais, ou de la Saint-Sylvestre au coeur de l'été comme en Australie ?
Bien sûr, cette date comme une autre peut symboliser le passage du temps, irrémédiable comme vous le dites.
Mais le champ des possibles ne se restreint pas inévitablement, pour ceux qui ont l'énergie, les ressources en eux, pour changer leur vie, ce qui n'est évidemment pas le cas de tout le monde.
Je pense par exemple à l'écrivain-voyageur Bernard Ollivier, qui à l'aube de ses 60 ans, veuf, déprimé, était au bout du rouleau, et qui s'est relevé pour se lancer dans la marche, ce qui l'a conduit à parcourir la Route de la Soie pendant quatre ans, à descendre la Loire en kayak, à faire plein de rencontres.
Mais sinon, c'est vrai, j'ai souvent le vertige quand je pense à tel événement d'il y a quinze ans, encore très net dans mon esprit, et que je me dis que, dans un avenir imaginable, le double de cette durée là, je serai peut-être, sans doute, mort...

Carmilla Le Golem a dit…

Bonjour Nuages !

Vous avez raison: le 1er janvier est une fête artificielle. Je m'étonne d'ailleurs, à une époque où l'on dénonce les crèches exposées dans les lieux publics, que les beaux esprits laïcs ne dénoncent pas notre calendrier. C'est tout de même celui de l'ère chrétienne. Dans une République, ça fait tâche.

Il ne faut pas non plus, bien sûr, se laisser entraîner par la pente du déclin. Mais, tout de même, il faut être réaliste. La vie est bien un processus de rétrécissement. C'est la leçon du livre "La peau de chagrin" de Balzac. Adolescente, je rêvais d'être actrice, mannequin, romancière etc.. et même championne de course à pied. Aujourd'hui, je n'ai plus les mêmes ambitions, je travaille, plus prosaïquement, dans la finance; je ne le regrette pas mais il est peu probable que j'en sorte et je peux tracer une croix sur tous mes anciens rêves. Que je le veuille ou non, le champ des possibles s'est réduit.

Très bonne année à vous

Carmilla