dimanche 16 novembre 2014

"Décompression"


Je me suis accordé un petit break, la semaine dernière, et j'ai filé en Allemagne: jusqu'à Lübeck, tout au Nord, via Trier (Trêves) .

Ma chambre à Lübeck


L'Allemagne, je connais assez bien, mieux que la France en tous cas. Il y a peu de villes, même petites, où je ne sois pas allée. Je m'y sens assez à l'aise.


D'abord, c'est pour moi l'occasion de sortir ma voiture de sport que je ne parviens pas à exploiter en France. En Allemagne, on échappe un peu à l'infantilisation générale et je peux rouler à tombeau ouvert (comme on dit si joliment), perdue dans la contemplation du défilé affolant des signaux autoroutiers. Ça réclame une concentration exaltante et je me sens alors pleinement vivre. Je deviens vraiment Carmilla, celle qui sillonnait l'Europe à toute vitesse conduite par un magnifique attelage. Le droit des femmes aux belles bagnoles et à la vitesse, ça n'est pas encore rentré dans les mœurs mais les féministes feraient bien d'y penser.


Sinon, l'Allemagne, j'y suis tranquille. C'est un pays où on ne risque pas de rencontrer son voisin. Il n'y a pas du tout de touristes et j'ai comme ça l'impression, évidemment un peu fallacieuse, de découvrir des territoires inconnus. Mais ça me convient; il y a plein de petites villes de contes de fées, mélancoliques et magiques à la fois. Surtout, il y a l'émerveillement de la période de Noël.


Là-bas, je ne fais pas grand chose. Je me prends un bel hôtel et dans la journée, je vais rêvasser dans les cafés et les restaurants. Je bois de la bière, je mange des harengs, de petites plies et de l'anguille à n'importe quelle heure. Je peux même me contenter d'une "wurst", le serveur ne me fera pas la tête.



Etre une femme seule ne pose pas de problème; d'ailleurs, à la différence de la France, il y a plein de femmes dans les cafés et les restaurants. On vous fiche la paix mais vous devenez aussi transparente et c'est un peu déconcertant. La relation entre les sexes, ça m'apparaît bizarre dans les pays germaniques. La culture de la séduction a été éradiquée. Je trouve ça triste mais c'est vrai aussi qu'être une femme moche en Allemagne est peut-être moins une malédiction qu'ailleurs.


La maison des Buddenbrook


Mais l'Allemagne, c'est quand même surtout pour moi la "Kultur". Ça se manifeste un peu partout. Plein de librairies magnifiques, de beaux objets, des musées bouleversants. Il y a vraiment un contraste très grand chez les Allemands entre une vie assez triviale et utilitaire, beaucoup moins sophistiquée que la française, et une vie intellectuelle et une perception esthétique très riches.


C'est d'ailleurs peut-être sur ce point que se rejoignent Français et Allemands. Cela a déjà été souligné mais je trouve cela très juste: Français et Allemands partagent une même capacité à la pensée abstraite. C'est forgé par tout un système d'éducation et je crois que c'est quelque chose de singulier et presque unique.



Photos de Carmilla Le Golem à Lübeck. Mon séjour s'est déroulé dans une "purée de pois" complète, ce qui explique ces images un peu lugubres.

Lûbeck, c'est une ville de la Hanse avec son architecture spécifique ( le chef d'oeuvre, en la matière, étant Gdansk en Pologne). C'est aussi et surtout la ville de Thomas MANN (avec la maison réhabilitée des Buddenbrook), de Günter GRASS (avec un musée qui lui est consacré) et de Willy BRANDT (qui y est né).

Le titre de ce post est emprunté au livre magnifique de Juli ZEH. C'est l'un des livres qui m'a accompagnée pendant mon voyage. "Décompression", c'est l'histoire d'une extraordinaire manipulation amoureuse. Le livre est paru il y a un an mais on peut encore le trouver. Je le recommande absolument de même que toute l'oeuvre de Juli ZEH (en particulier "la fille sans qualités"), sûrement l'un des grands écrivains de la jeune littérature allemande.

2 commentaires:

nuages a dit…

Belle série crépusculaire. Le brouillard, la brume et l'heure "entre chien et loup", cela permet décidément de faire des photos en dehors des sentiers battus.

Carmilla Le Golem a dit…

Merci Nuages,

On arrive effectivement à faire des photos par tous les temps mais il y a quand même des conditions plus propices que d'autres. J'ai cru ne pouvoir rien tirer de mon séjour.

Carmilla