samedi 14 juin 2014

Petites lectures


A lire en vacances :

Pascale HUGUES : "La robe de Hannah - Berlin 1904-2014". Un livre qui enchantera tous les amoureux de l'Allemagne et de Berlin, mais pas seulement. C'est l'histoire d'une rue banale de Berlin ("ma rue" où s'est installée récemment l'Alsacienne Pascale Hugues); l'histoire, surtout, de ses habitants au cours de tout un siècle. Une chronique des gens ordinaires, des misérables et des héros. La vie humaine dans toute sa complexité où la crapule côtoie sans cesse l'idéaliste.


Patrick ROEGIERS : "La traversée des plaisirs". C'est effectivement un plaisir fou que l'on éprouve à lire ce livre, tellement c'est brillant et plein d'anecdotes merveilleuses. Qui peut penser que la littérature est quelque chose d'ennuyeux après avoir lu ce bouquin tellement aérien, écrit par un Belge (ce n'est sans doute pas un hasard) ?


Francis ANCIBURE &Marivi GALAN-ANCIBURE : "La méchanceté ordinaire". Un remarquable bouquin, très freudien, qui tranche complètement avec l'angélisme ambiant qui voudrait qu'on ait tous le coeur pur. Ce qui est terrible, c'est que la vraie méchanceté "s'exprime avec amabilité au nom du bien de l'autre".On refoule sans cesse le mal en nous, c'est comme ça qu'on se constitue. Mais il faut aussi savoir accepter sa part d'ombre et ce n'est pas évident.


















Elena TCHIJOVA : "Le temps des femmes". La Russie totalitaire des années 60, dans la ville de Leningrad. Un livre qui relate le quotidien de femmes russes à cette époque, fait de misère mais aussi de merveilleux. C'est le meilleur livre russe (avec "les Eltychev") que j'ai lu au cours de ces derniers mois.


Abnousse SHALMANI : "Khomeiny, Sade et moi". Téhéran - Paris, le parcours extraordinaire d'une jeune fille née en Iran en 1977, exilée en 1985. Le choc que fut pour elle la découverte de la littérature française, notamment Sade mais aussi Hugo, Colette. Un livre percutant, très beau, très bien écrit, qui est une leçon de liberté, un refus violent de tous les embrigadements.


Bill BRYSON : "Une histoire du monde sans sortir de chez soi". Bill BRYSON est surtout connu pour ses récits de voyage hilarants, d'un humour très british (même s'il est américain). Mais il s'intéresse aussi à plein de choses : l'histoire, la littérature, les sciences. Il a écrit ce dernier livre à l'occasion de son récent emménagement dans un presbytère anglais. Il nous fait découvrir l'histoire de l'architecture, des techniques, des moeurs etc...C'est très singulier, passionnant et...drôle.


Annie ERNAUX: "Regarde les lumières mon amour". Un essai de sociologie urbaine : la description de l'hypermarché Auchan à Cergy-Pontoise. Personnellement, c'est le genre d'endroit que je déteste. Il est, d'ailleurs, de bon ton de mépriser, quand on est un peu bobo, les centres commerciaux. Avec ce petit bouquin, j'ai compris que c'étaient aussi les nouveaux lieux de la modernité: des lieux de rencontre, de vie, d'échanges, de sensations.



Vladimir FEDOROVSKI : "Poutine - L'itinéraire secret". Une biographie de Poutine, c'est évidemment difficile parce le bonhomme n'a à peu près aucun intérêt. L'énigme, c'est qu'il ait pu devenir le président et l'autocrate de la Russie. Un type médiocre qui incarne ce que la plupart des Russes ont de détestable: la soumission à la hiérarchie, la peur de l'autorité, l'esprit collectif et moutonnier. Surtout, il y a, chez Poutine, le poids très lourd de la formation KGB. Il a été éduqué à la pratique du mensonge et de la dissimulation. C'est pour ça qu'on ne peut absolument pas dialoguer avec lui. Il vous racontera toujours (avec l'appui de son crétin de ministre des affaires étrangères, Lavrov, pour lequel j'ai une profonde antipathie) qu'un chat noir est blanc et vous serez suffisamment servile pour en être d'accord.

A titre d'antidote, je vous conseille de lire le "Journal de Maïdan" d'Andreï Kourkov que j'ai déjà évoqué.

















Pierre BORGHI: "131 nuits otage des Talibans - Kabul Rock Radio". Je ne sais pas pourquoi mais je lis la plupart des récits des gens qui ont été otages. Pas seulement parce que c'est terrifiant mais parce que je me pose sans cesse cette question de savoir comment je réagirais si ça m'arrivait. Je ne serais peut-être pas très héroïque et je craquerais complètement. Pierre Borghi, on n'en a presque pas parlé. C'est un Français anonyme qui était parti chercher travail et raison de vivre en Afghanistan. Son livre est terrible : il a vécu près de 4 mois dans un minuscule trou en terre, dans la nuit et le froid, avant de parvenir à s'échapper. Mais c'est la personnalité de Pierre Borghi qui fait l'intérêt de son livre: étonnante et très attachante.


Thomas PIKETTY: "Le Capital au XXI ème siècle". Normalement, je ne parle que des livres que j'ai aimés. J'évoque cependant, aujourd'hui, Piketty en raison de l'extraordinaire engouement suscité par son livre, en France et aux Etats-Unis. Et puis, l'économie, la finance, c'est davantage dans mes cordes, bien plus que la littérature que j'ose pourtant évoquer. On dit que c'est l'un des livres d'économie les plus importants de ces dernières décennies et l'on évoque déjà une prochaine attribution du Prix Nobel. Ouh la, la ! Je crois surtout que le succès de ce bouquin illustre surtout l'effrayante inculture économique générale. En tous cas, il conforte toutes les idées reçues et les thèses populistes. Ce n'est pas que le bouquin soit mauvais. Il y a plein d'analyses de l'histoire économique qui sont intéressantes même si les données produites visent à démontrer, à tout prix, que les inégalités n'ont cessé d'augmenter. On peut débattre de ça à l'infini. Le vrai problème, c'est que l'angle d'analyse de ce bouquin est complètement à côté. Il prend même carrément les choses à l'envers. Le capital n'y est envisagé que comme un problème de répartition, redistribution, taxation. Pourtant, ce qui est essentiel, c'est la formation, création du capital. Marx lui-même, dont se réclame abusivement Piketty, avait bien compris ça. C'est ça qui fait la richesse d'un pays. Et de capital, on en manque de plus en plus aujourd'hui. On vit dans des pays capitalistes sans capital, croulant sous les dettes. Le problème de l'Europe, ce n'est pas de taxer le capital, c'est d'en avoir davantage et c'est comme ça, notamment, qu'on parviendra à réduire les inégalités. Du reste, Piketty n'est pas si révolutionnaire que ça! Il a de fervents disciples, notamment avec Mélenchon et ...François Hollande.


Tableaux de Paul-Elie RANSON (1861-1909). Il a évidemment été influencé par Paul Gauguin mais, surtout, il est l'un des fondateurs du mouvement des Nabis aux côtés de Sérusier, Bonnard et Maurice Denis. J'ai l'impression qu'on l'a complètement oublié alors que ce n'est tout de même pas mal.

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