samedi 18 mai 2013

"Ryaba, la petite poule"



A la station de métro Madeleine (ligne 14), il y a un très vaste vitrail sur le thème de la Poule aux œufs d’or. Ca a été offert, il y a quelques années, par la Russie au métro de Paris. « Ryaba », c’est évidemment un conte russe ultra connu.


C’est un grand artiste, Ivan Loubennikov, qui l’a réalisé et ça évoque les transformations historiques de la Russie à travers plusieurs symboles : un œuf en or, la faucille, le marteau, des boulons, des étoiles à cinq branches, des fers à cheval et des croix.


Je trouve ça absolument magnifique et ça me remonte le moral quand je passe devant. Je m’attarde à chaque fois sur un nouveau détail.

Mais j’ai l’impression d’être vraiment bien la seule. La foule du métro passe devant ce vitrail gigantesque, totalement indifférente. Visiblement, ça n’intéresse personne : je n’ai jamais vu quelqu’un s’arrêter pour le contempler et je n’ai encore jamais rencontré un Parisien qui l’avait remarqué. Parmi eux pourtant, il y a beaucoup de gens qui se piquent d’être artistes et de courir les expositions.


Evidemment, je pourrais la jouer parano et dire que les Français se fichent complètement de la Russie, ce qui est vrai pourtant. Et c’est sûr aussi que l’amour de l’art, ça n’est pas inné, ça s’inscrit plutôt dans des stratégies de distinction sociale. En fait, la plupart des gens s’ennuient à périr dans les musées. Moi-même, j’ai en horreur les programmes culturels imposés. Ce qui me débecte : les guides, les profs, les spécialistes, les visites organisées.


En réalité, on est renvoyés chacun à sa géographie, son histoire mentales et imaginaires. On n'est finalement pas ouverts à tout, on ne comprend pas tout. C’est ainsi que je ne sais, généralement, trop que dire, qu’échanger avec des Français. Parler de la Russie, de l’Ukraine, de la Pologne : c’est incompréhensible, incommunicable. Mais moi-même, je ne comprends pas non plus grand-chose aux Français.



Photos de Carmilla Le Golem

Pour agrémenter le week-end de la Pentecôte, je vous recommande les films suivants : "Clip" de Maja Milos; "Stoker" de Park Chan-Wook (injustement descendu par la critique mais avec des images magnifiques et une actrice étonnante : la polono-australienne : Mia-Wasikowska); enfin la trilogie dérangeante d'Ulrich Seidl, les trois Paradis : Love, Faith, Hope.

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