dimanche 4 décembre 2011

Here comes the night


Plein de bons livres viennent de sortir ces dernières semaines. En bonne accro de l’actualité, j’essaie toujours de suivre. Alors voilà ce que j’ai lu et aimé au mois de novembre.


Je n’en parle pas, bien sûr, pour faire de la critique littéraire mais tout simplement parce que les livres que vous aimez vous traduisent et vous définissent. Ils sont votre reflet et votre forme.


Des romans :


Pierre Lamalattie : « 121 curriculum vitae pour un tombeau ». Pour moi, c’est la révélation de cet automne. On a bien sûr souligné la proximité avec Michel Houellebecq, mais un Houellebecq hilarant, plein d’humour. La banalité et la grisaille de la vie moderne, avec son ridicule et ses tics de langage et de pensée. Les paradoxes d’un monde en apparence libre et démocratique où plus rien n’est interdit, où tout est possible mais où triomphent la bien-pensance et le conformisme. La panne du désir et de l’idéal.


Hubert Klimko : « Les toutes premières choses ». Hubert Klimko, « l’étoile montante de la littérature polonaise. Un voyage initiatique hilarant peuplé de tranches de vie loufoques et bouleversantes, sur les routes d’Allemagne, d’Angleterre et d’Islande. »



Robert Menasse : « Don Juan de la Manche ». Un grand écrivain autrichien, c’est donc noir et lucide. Un faux roman d’apprentissage ayant pour sous-titre « l’éducation du désir ». C’est en fait un récit de l’échec et du ratage sexuel et amoureux ; une réflexion sur l’amour et la différence des sexes qui évoque Woody Allen et Philip Roth.



Des récits de voyage :


Richard Millet : « Eesti – Notes sur l’Estonie ». L’Estonie, je crois que c’est complètement nébuleux pour les Français. Richard Millet restitue bien justement l’ambiance du pays, sombre, mystérieuse et magique.


Aude Seigne : « Chroniques de l’Occident nomade ». Une jeune suissesse bourlingueuse, prix Nicolas Bouvier 2011. Ca fait effectivement penser à Nicolas Bouvier. C’est poétique, magnifiquement écrit, on tourne dans tous les pays du monde et on parle d’amour et de rencontres.



Politique – Histoire




Hans Magnus Enzensberger : « Le doux monstre de Bruxelles ou l’Europe sous tutelle ». Je suis une fan d’Enzensberger. J’ai adoré « Une femme à Berlin », « Le perdant radical », « Hammerstein ». Il s’agit cette fois d’une charge violente contre non pas l’Europe mais les institutions européennes. Cette technocratie ubuesque qui n’a d’autre préoccupation que d’étendre sans cesse ses prérogatives et de réglementer les aspects les plus anodins de notre vie quotidienne. Le problème est que cette administration kafkaïenne est pleine de bienveillance et nous confisque tout pouvoir d’initiative. La vie sous tutelle, celle de gens impotents et ignorants, c’est ça l’horizon européen. A lire d’urgence à un moment où les tensions sur l’euro et son éclatement possible mettent en évidence la propre incompétence des technocrates de Bruxelles.


Ira de Puiff (Ира де ПЮИФФ ( во девичестве Шишкина )) : « Back to U.R.S.S. Mémoires d’une jeune femme russe ». J’ai vraiment bien aimé ce livre, écrit par une jeune Russe très sympathique maintenant figure de la vie parisienne, qui nous change des faux reportages misérabilistes occidentaux. Il corrige beaucoup d’idées reçues et donne une vision assez juste de la vie sous Brejnev, Gorbatchev, Eltsine. Mes réserves : on a presque l’impression qu’Ira de Puiff est nostalgique, ce qui n’est évidemment pas soutenable.


Delphine Minoui : « Tripoliwood ». Delphine Minoui est une grande spécialiste du Moyen-Orient. Ses livres et ses articles offrent toujours un point de vue original, étonnant (cf. « Les pintades à Téhéran »). « Tripoliwood », c’est le récit d’un étrange voyage à Tripoli, effectué au printemps dernier. Presque un roman d’espionnage, angoissant, comique et surréaliste.



Fariba Hachtroudi : « Ali Khamenei ou les larmes de Dieu ». Ali Khamenei, je ne suis pas sûre qu’on connaisse, en France, son existence. Pourtant, c’est lui le véritable homme fort de l’Iran, le « guide suprême » infaillible, nommé à vie, successeur de Khomeini. Un personnage totalement mystérieux qui refuse absolument tous les entretiens (journalistes, hommes d’Etat, diplomates) et qui vit retranché dans une espèce de forteresse, rue Pasteur à Téhéran. Ali Khamenei est bien sûr un effroyable tueur, l’artisan de la terreur sacrée. La rumeur court aujourd’hui d’un conflit entre Ali Khamenei et Mahmoud Ahmadinedjad. Un livre glaçant qui décrit bien l’horreur criminelle du régime de Téhéran. Un livre d’actualité au moment d’un désengagement militaire allié en Afghanistan et en Irak.


Felix Rohatyn : « Un banquier dans le siècle ». On déteste tellement les financiers en France que peu de gens liront le livre de Felix Rohatyn. Pourtant, il a, à sa manière, façonné l’histoire du monde. Felix Rohatyn a eu un destin exceptionnel : juif polonais, il a vécu en France durant son adolescence. Il a réussi à gagner les Etats-Unis pendant la guerre. Il a ensuite travaillé aux côtés d’André Meyer, autre génie français de la finance, à la banque Lazard à New-York. Il a initié toutes les grandes opérations financières du capitalisme mondial et a terminé sa carrière comme ambassadeur des Etats-Unis en France et conseiller de Bill Clinton.



Tableaux principalement de William Degouve De Nuncques, peintre symboliste belge, mais aussi de Jakub Schikaneder, Csontvary, Levy-Dhurmer, Jozsef Rippl-Ronai, Daniel Boudinet et Konstantin Ciurlonis..

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