dimanche 10 juillet 2011

Lire, c’est vivre


Vous vous apprêtez peut-être à partir en vacances. N’oubliez pas de partir avec une valise de livres avec vous.

Une valise ? Oui, parce que la lecture n’est pas contre la vie, comme le dit si bien Charles Danzig. Elle n’est pas un dérivatif, un apaisement, une distraction. Elle est la vie même, sous une forme souvent plus intense, plus exacerbée. Elle en est la transfiguration.


Il ne s’agit pas de lire un petit peu, un livre de temps en temps. Il s’agit de lire tout le temps, continuellement, de manière à ce que s’enchevêtrent toujours en vous le réel et l’imaginaire. C’est comme ça que la vie devient plus belle, plus riche.


Alors, c'est pour ça que je vous ai extrait quelques livres de ma pile de ces deux derniers mois. Je vous les recommande tous vivement.

Pour voyager :


-Peter HOPKIRK : « Le Grand Jeu –Officiers et espions en Asie Centrale » (Editions Nevicata). J’en ai déjà parlé. C’est pour moi un admirable roman d’aventures mais il faut quand même s’intéresser un peu à la Russie et à l’Asie Centrale.



- Lieve Joris : « Ma cabine téléphonique africaine » Editions Actes Sud

Plusieurs récits de la grande écrivain-voyageur belge; pas seulement en Afrique mais aussi au Proche-Orient et en Europe de l’Est.


-Antonin Potoski : « Cités en abîme ». Oman, Myanmar, Ethiopie, Bangladesh, Japon. Des passages secrets entre des pays éloignés. C’est fascinant et merveilleusement écrit.



- Julien Blanc-Gras : « Touriste » éditions « Au diable vauvert ». L’auteur se plaît à renverser les points de vue. C’est très drôle, très intelligent.


- Wade Davis : « Pour ne pas disparaître – Pourquoi nous avons besoin de la sagesse ancestrale » Albin Michel – Un merveilleux livre d’ethnologie facile à lire.



- « Waleed Yahyia Saadoun : « Dis au tueur qu’il sera tué – Chronique barbares de Bagdad ».

Un récit terrifiant de la vie quotidienne à Bagdad avec le portrait de deux tueurs sadiques, l’un chiite, l’autre sunnite.


- « Nouvelles du monde » Editions Hoëbeke: un ensemble de nouvelles présentées par le journaliste, spécialiste du Moyen-Orient, Jean-Pierre Perrin. Un tour du monde des bouts du bout du monde. Avec des contributions d’Alain Borer, Gilles Lapouge, Jean-Luc Coatalem, Björn Larsson etc….


- Christophe Sabouret : « Fukushima – L’Apocalypse et après ? » Editions Pascal Galoché. Fukushima, quelle barbe ! Ce n’est heureusement pas un bouquin d’écolo nous serinant ses niaiseries apocalyptiques. Ce tout petit livre apporte un éclairage nouveau en situant Fukushima dans son contexte politique mal connu. Un portrait intéressant notamment du Le Pen japonais, le gouverneur de Tokyo.



Pour réfléchir


-Marcela Iacub : « Confessions d’une mangeuse de viande » Fayard

L’une de mes maîtres à penser. Encore une fois, c’est inattendu, profond, original



-Eric Vartzberg : « Comment Woody Allen peut changer votre vie » Le Seuil

Un chef d’œuvre de psychanalyse amusante qui essaie de répondre à des questions essentielles comme :

- Comment supporter le hasard ?

- Comment se désintéresser de la politique ?

- Comment ruiner sa vie amoureuse ?

- Comment ne pas devenir ce que l’on est ?


-Sophie de Mijolla-Mellor : « La mort donnée – Essai de psychanalyse sur le meurtre et la guerre » P.U.F. Un grand livre; une approche nouvelle du crime : non pas comme un acte de folie mais comme un potentiel en chacun de nous.


-Anne Dufourmantelle : « Eloge du risque » éditions Payot. La meilleure chose qui puisse vous arriver, c’est qu’il vous arrive justement quelque chose. Y compris, un échec ou une déception amoureuse.




Des romans


-Philippe Vilain : « Pas son genre » Grasset. La relation amoureuse d’un prof de philo et d’une coiffeuse à Arras. Qui a dit que les rapports de classe n’existaient plus à l’âge démocratique ? Notamment en amour et surtout en amour. C’est une question que l’on occulte mais qui est essentielle. Qu’est-ce qui sépare une personne éduquée d’une personne modeste ? Tolstoï soulignait justement qu’il y avait une asymétrie : la personne modeste ne perçoit que peu de différences ; l’intellectuel en revanche voit un abîme. Le livre est passionnant sur ce sujet.


-Bernard Sichère : « Ce grand soleil qui ne meurt pas » éditions Grasset. Les anciens maoïstes, en général, ça me gonfle. Je ne comprends pas et je trouve que ce sont des frustrés. Pas Bernard Sichère qui n’a jamais eu le ridicule de donner dans le populisme prolétarien et qui a toujours mis au premier plan la question sexuelle. Un parcours étonnant : grand lecteur de Sade, puis maoïste, puis romancier et philosophe… .aujourd’hui hanté par la figure du Christ.



-Srdjan Valjarevic : « Côme » Actes Sud. Un jeune écrivain serbe débarque un jour, pour la première fois, à l’Ouest, sur les bords du lac de Côme. Si on vient « de là-bas », on sera enchanté par la justesse et la drôlerie de ce bouquin.



J’ai choisi d’illustrer ce post avec des œuvres d’Emil NOLDE qui évoque bien, me semble-t-il, les paysages d’été en Europe du Nord.



Il faut absolument que vous alliez, un jour, visiter la maison de Nolde à Seebüll. Ce n’est pas si loin : 8 heures de voiture depuis Paris. C’est juste à la frontière avec le Danemark. Il y a là un jardin merveilleux qui prolonge une plage de sable fin et la mer du Nord.

Aucun commentaire: