samedi 16 mai 2009

Contagion mortelle



On n’a jamais cru aux vampires aussi fort qu’aujourd’hui. En témoignent bien sûr l’extraordinaire succès de « Twilight » mais aussi l’hystérie angoissée face aux risques d’une pandémie destructrice, le SIDA et la grippe A.


De fait, le fantasme le plus répandu dans nos sociétés, c’est celui d’un monde à la Enki Bilal : une corruption généralisée des corps et des villes, une putréfaction progressive lézardant lentement les visages, les bâtiments.





















Mais cette vision d’apocalypse n’est pas si angoissante que cela. Ce qui est insupportable dans la mort, c’est qu’elle est l’expérience incommunicable d’une absolue solitude. L’intolérable, c’est aussi de se dire qu’après vous le monde continuera d’exister, avec des gens beaux, heureux, insouciants.


En revanche, si nous mourons tous ensemble, emportés par un cataclysme ou une pandémie, c’est beaucoup moins effrayant et surtout nous avons la satisfaction que plus rien n’existera après nous.





















En fait, l’Apocalypse est une perspective libératrice et apaisante. De la préservation du monde, de sa continuité, nous n’avons rien à faire, bien au contraire. La conservation et la reproduction de l’espèce humaine nous indifférent et les parents haïssent leurs enfants de leur survivre. Ce qui nous oppresse en réalité, c’est moins l’angoisse de la mort, qui nous donne l’occasion de signer notre destin, que la mécanique répétitive et impitoyablement réglée de l’ordre social. La grisaille ataraxique d’une vie réduite aux seuls besoins de reproduction-consommation. Cette ambiance obsessionnelle, famille-travail, hygiénisme généralisé, c’est cela que nous avons en horreur.



Ce qui nous insupporte, c’est le bonheur et la beauté, alors qu’en réalité nous aspirons au désordre et au crime. Nous n’en pouvons plus de cet ordre mortifère, nous voulons le malheur et la destruction. Nous n’aspirons qu’à une seule chose : à l’enfer.





Carlos SCHWABE

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