samedi 7 mars 2009

L’Empire rouge brique


Diana Kingsley


Roland Barthes en Chine, en avril 1974, avec le groupe Tel Quel. On vient d’éditer son Journal.


D’une certaine manière, c’est consternant. Il s’ennuie, il est souffreteux. Rien ne l’accroche, il devient bien vite indolent, indifférent. A son retour, il écrira un article pour « Le Monde » : « Alors, la Chine ? » avec cette réponse stupéfiante : Rien.


Bizarrement, il perçoit la Chine comme le pays de la fadeur, une fadeur douce et paisible, où s’évanouissent les codes habituels.



















Il est vrai qu’il pointe bien ainsi ce qu’est le totalitarisme : l’uniformisation complète, l’abolition des différences et en particulier de la différence sexuelle. Surtout, la mise hors-jeu du désir, confondu avec le besoin, et l’interdit porté sur la séduction : « le désert de la coquetterie ».


Les choses ont beaucoup changé depuis mais on peut toujours comprendre les réticences de Barthes qui était, rappelons-le, fasciné par le Japon. La Chine n’a certes plus rien de fade. Elle est devenue monstrueuse, éclatante, agressive, débordante de couleurs vives.
Les villes chinoises sont ce qu’il y a de plus laid en matière de béton concentrationnaire et de kitsch commercial. On se sent submergé, étouffé, oppressé en Chine.















Bettina RHEIMS


La Chine est l’exact contraire du Japon : le désert contre la montagne verdoyante, la lumière éclatante contre la forêt ombragée, la dissonance contre l’harmonie, la monstruosité contre la séduction, la laideur contre l’esthétique.


Depuis l’Europe, on confond tous les asiatiques. C’est pourtant une vision qui irrite profondément les japonais, chinois, coréens qui se sentent tous complètement différents.


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