dimanche 1 mars 2009

IDA



En Russie, les rapports entre les sexes sont très complexes. Certes, il y a eu de nombreuses Tsarines. Mais globalement, la relation est d’antagonisme. Il y a affrontement, séparation, incompréhension absolue. Sur ce point, la Russie n’est peut-être pas complètement européenne.


C’est aussi ce qu’a voulu dire Andreï Konchalovsky (Андрей Михалков-Кончаловский) dans son dernier film « Gloss » («Глянец») copieusement éreinté par la critique française qui n’y a vu qu’une dénonciation puritaine de l’affairisme ambiant.


En Russie aussi, les femmes, et plus spécialement celles de la nouvelle génération, sont en train de prendre le pouvoir et cela est encore plus déstabilisant dans une société archaïque que le séparatisme tchétchène ou l’effondrement du rouble.

















C’est ce qui me conduit à évoquer aujourd’hui lda Rubinstein (Ида Львовна Рубинштейн) qui a été une figure majeure, au-delà même de la Russie, de l’émancipation féminine. Presque plus personne ne semble aujourd’hui la connaître même si elle est morte il n’y a pas si longtemps, à Vence, en 1960.


Elle a fait ses débuts avec un rôle dans la Salomé d'Oscar Wilde, se déshabillant complètement lors de la « Danse des sept voiles ».
Engagée ensuite dans les Ballets Russes par Serge Diaghilev, elle dansa dans le rôle de Cléopâtre au cours de la saison 1909 à Paris.


Il semble que Marcel Proust lui-même l’ait vue danser et qu’il ait déclaré n’avoir jamais rien vu d’aussi beau de sa vie.




















Il est difficile aujourd’hui de mesurer l’extraordinaire fascination qu’a exercée Ida Rubinstein.


Pourtant, elle cumulait les handicaps : un physique atypique, qui n’était pas dans l’air du temps, très mince, très brune, des yeux noirs; une ballerine de second plan, pour avoir commencé tardivement l’apprentissage de la danse ; bisexuelle, sans famille, sans enfants, elle a entretenu une liaison avec la peintre Romaine Brooks; juive, à une époque d’antisémitisme « naturel ».


Ida Rubinstein fut énormément célébrée : Diaghilev, Leon Bakst, Gabriele D’Annunzio, Claude Debussy, Maurice Ravel (elle monta et se produisit dans le Boléro).


D’elle, nous possédons plusieurs portraits remarquables, étonnamment parmi les plus beaux que réalisèrent les peintres qu’elle inspira.




Leon Bakst ( Леон Бакст), Antonio de la Gandera, Romaine Brooks, Valentin Serov (Валентин Серов).

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