vendredi 5 décembre 2008

Rêve noir d'un lapin blanc vêtu d'une redingote rouge



J’ai retrouvé la France. Tout m’apparaît gris et vieux.

Je me console en rêvant. Je contemple fascinée cette photographie qui évoque avec force celle que j’étais quand j’étais plus jeune.

Mon côté délavé,
Mon côté évanescent, tremblant,
Mon côté sainte-nitouche.
Mon amour des lapins.

Je regrette parfois de ne pas être comme la vraie Carmilla, sombre et forte, alors que je suis frêle et gracile. Je n’ai même pas de seins, je suis presque androgyne. Mais peut-être que cela n’entame en rien ma séduction de vampire.

Mais ne rêvez pas, je vous le rappelle… je suis trop belle, vous les mecs, pour être hétérosexuelle et trop belle aussi, vous les nanas, pour supporter d’être embêtée par qui que ce soit. Je n’aime pas l’amour, je suis une grande solitaire.

Vous remarquerez peut-être que j’utilise un vernis noir pour mes ongles. Ce n’est certes pas de très bon goût mais je suis tout de même une vampire. Et puis c’est pour faire écho aux yeux en boutons de bottine des lapins.

J’aime les lapins pour deux raisons avouables :

- le lapin est un champion de course à pied, ce qui lui vaut évidemment toute ma considération

- le lapin est un animal absolument doux et pacifique ; un chat griffe et un chien mord mais on n’a jamais entendu parler de quelqu’un qui avait été attaqué par un lapin.
 

















Catherine SERVEL

Ce qui m‘effraie, me donne la nausée : en France et dans tous les pays méditerranéens, on mange du lapin. Quelle horreur ! Quelle barbarie ! Heureusement, on est plus civilisés en Europe du Nord.

Les raisons inavouables de mon amour pour les lapins, je vous les laisse deviner. Je vous mettrai peut-être sur la piste en précisant que j’adore les escarpins. A Moscou, je me suis acheté une magnifique paire, d’un rouge éclatant. J’ai aussi trouvé un collant soyeux assorti. L’impératrice rouge, c’est moi !

Alors…, je me sens très heureuse… lorsque je me contemple dans un miroir, protégeant mon lapin blanc de l’arc rouge de mes jambes, vêtue de mes seuls escarpins et de mon collant.

Ce n’est pas innocemment que le lapin blanc d’Alice portait lui-même une redingote rouge.

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