dimanche 25 mai 2008

Au pays des Shamans












J’étais en vacances en Corée durant la première quinzaine d’avril. La Corée, c’est beaucoup de Japon et un peu de Chine mais c’est aussi complètement différent. C’est en fait un problème d’équations… d’équations religieuses. En effet :

- Le Japon = beaucoup de shintoïsme + confucianisme + bouddhisme
- La Chine = peut-être le pays le plus athée du monde mais néanmoins un peu de taoïsme + un peu de confucianisme + un peu de bouddhisme
- La Corée = beaucoup de christianisme (mais oui !) + beaucoup de chamanisme + beaucoup de confucianisme + bouddhisme.

Un substrat commun donc : le confucianisme et le bouddhisme + Trois singularités (néanmoins apparentées) : le taoïsme, le shintoïsme et le chamanisme.

D’une manière générale, dans ces trois pays, la religion n’a rien de pesant et de contraignant. Plutôt une espèce d’allégresse et d’enchantement du monde. D’ailleurs, on les mélange toutes joyeusement : on est à la fois chrétien, bouddhiste et chamaniste.

Le chamanisme coréen, justement, il m’a passionnée un peu comme le shintoïsme japonais. Passionnée, à cause de son caractère anachronique dans un pays tout entier voué à la conquête économique.

Venu d’Asie Centrale, le chamanisme, ce sont les pratiques divinatoires, la lecture attentive des signes du destin, et c’est la magie, avec ses offrandes aux esprits (un poisson séché, une tête de porc, un bol de riz) et ses rites propitiatoires. Le chamanisme, ce sont des cérémonies parodiant l’ordre social, des danses au son du tambour, la ronde des masques, l’ivresse progressive, la montée en transes… En Corée, le chaman est une femme (la mudang); la femme médiatrice entre le monde prosaïque du réel et le monde des esprits dont il faut s’attirer la bienveillance.

La chaman, lointaine résurgence de nos sorcières mais parfaitement intégrée ; elles seraient près de 50 000 en Corée avec leurs maisons de voyance, signalées par deux drapeaux, un blanc et un rouge. Des femmes touchées par une sorte d’élection, par une révélation soudaine du don.

Tout cela est évidemment parfaitement irrationnel et paradoxal dans un pays où les contraintes et la discipline sociale sont très fortes. C’est notamment le pays où l’on travaille le plus au monde : 47 heures par semaine et pratiquement pas de vacances. Alors, la religion opium du peuple ? Ou plutôt, la religion force de vie, enchantement d’une existence qui, sans cela, serait insupportable.

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