vendredi 11 janvier 2008

Séduction du capitalisme : le papillon fétichiste

















Christian Louboutin - David Lynch

Mais alors, Carmilla, si l’URSS était ce paradis que tu décris, pourquoi s’est-elle décomposée, effondrée dans une allégresse presque générale ? Pourquoi en effet ? Très simplement parce que l’anthropologie marxiste a confondu le besoin et le désir, a cru que le signe se résorbait dans la valeur d’usage. Grave erreur …le capitalisme tire justement sa force de sa capacité à manier les signes, à faire rêver, d’être une énorme machine à jouir et à faire désirer. Le capitalisme, ce n’est pas seulement une machine oppressive, c’est aussi cette « immense pellicule éphémère » à la surface de laquelle scintillent continûment les signaux du désir. Le capitalisme, c’est ce bâton de rouge à lèvres de Lancôme que manie gracieusement cette jeune fille à la terrasse d’un café, c’est la musique de Massive Attack ou de Tindersticks qui déchire l’aube cotonneuse sur Ginza ou Times Square, c'est cette cheville cambrée gainée d'une chaussure Christian Louboutin, c’est l’échancrure d’un regard de mascara Shisheido, c’est l’éclat Lucifer de l’aile d’un coupé sport…


L’Union Soviétique eût-elle su faire rêver, eût-elle su inventer un seul objet de désir, parfum rare, bijoux excentriques, lingerie fine, musique planante, voiture diabolique, alors existerait-elle peut-être aujourd’hui encore.

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