samedi 12 janvier 2008

De l'éternel azur, la sereine ironie-l'idole innocente













Bruno Schulz


Mais surtout, l’œuvre graphique de Schulz bouleversante, déstabilisante, dont le motif récurrent est, semble-t-il, la femme-idole, l’idolâtrie. La peinture de Schulz est généralement interprétée comme illustration du sado-masochisme : femme dominatrice, sensuelle, silhouette à la fois majestueuse et démoniaque, lumineuse, et aux pieds de laquelle grelotte une horde d’hommes serviles et rampants. Explication facile, vite adaptée à Schulz, asocial, agoraphobe, dont la vie n’a été qu’une succession d’échecs, à qui on n’a pas connu de véritable relation féminine,"un gnome minuscule, macrocéphale, trop timoré pour oser exister" selon son ami Gombrowicz.



Mais non..., Schulz ne peint pas du point de vue masculin, de l’homme-voyeur, mais du point de vue de la femme elle-même, femme-épicentre en dehors de toute relation duelle. Splendide indifférence : la femme n'a pas besoin du regard des hommes pour exister. Extase de sa propre existence qui se suffit à elle-même. Ni déesse, ni objet de convoitise, pure épiphanie, elle est de toute manière celle qui détient le pouvoir, la clé du désir. Aucune rage possessive n’annulera cette évidence. Plaisanterie de la domination masculine à laquelle ne feignent plus de croire que quelques attardés, rongeurs baveux agitant leurs tristes hochets. Roc du désir : l'incandescence est féminine.

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